Un petit thriller à rebondissements pour vous changer de la chaleur de l'été, ça ne peut pas faire de mal, même si on n'est pas là dans le grand chef-d'oeuvre immortel. Pour tout dire, on a bien l'impression d'avoir déjà vu 17 fois cette histoire de sac de billets de banque retrouvé par le loser du coin, de gangsters patibulaires qui s'entretuent pour un magot, de salope prête à tous les coups bas pour faire son beurre et de malfrats à petits bras embringués dans une affaire qui les dépasse. Parfois, c'est la Colombie qui sert de toile de fond, parfois la France, parfois l'Espagne, parfois les États-Unis ; c'est la Corée cette fois-ci, au moins on a des néons fluos qui se reflètent sur les faces blêmes et du dépaysement. De toute façon, même si on connaît ces histoires par coeur, ce Kim a une très amusante façon de nous la refaire écouter, et sait sans conteste construire un suspense solide, efficace et sans façon. Trois "anti-héros" au départ : un petit mec employé d'un spa qui trouve un sac de biffetons qui pourrait bouleverser sa vie ; une femme battue qui commence à fomenter quelque sombre projet pour se débarrasser de son brutal époux ; et un type dont la femme (disparue) a fait des dettes auprès d'un magnat du crime organisé, et qui doit rembourser fissa. Qu'est-ce qui relie ces trois amateurs ? c'est ce que le film va nous apprendre, en leur adjoignant peu à peu d'autres patibulaires personnages, pour le coup assez professionnels de la mort brutale, de l'escroquerie et de l'assassinat discret (ou non). On suit avec beaucoup de plaisir les mésaventures de ces pauvres hères qui ont eu le tort de rêver à une autre vie possible le temps d'un instant, avant de subir coups de poignards, camions dans la gueule, ou démembrements de la pègre locale. Kim mélange les temporalités avec un certain brio (héritage, sans doute, de Tarantino), a le sens du détail (beau personnage de tueur sans pitié, joli détail de la cigarette qui porte chance (et magnifique placement de produit, par ailleurs)), sait égrener la violence sans en faire trop mais à point nommer, et use d'un humour assez fin quant à son regard sur ses personnages. Ce n'est pas toujours joué à la perfection, certains évènements ou personnages sont en trop dans cette histoire, le gars aurait dû épurer un peu son scénario, mais ce serait faire la fine bouche que de ne pas goûter ce film fun et enlevé, poli et discret, qui ne vise pas plus haut que le divertissement pur et simple de son public. Bien rythmé, surprenant, haletant, voilà un machin d'été idéal.

Lucky Strike (Jipuragirado Jabgo Sipeun Jibseungdeul) de Kim Yong-Hoon - 2020

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