Sandrine Kiberlain passe donc également à la réalisation et se focalise sur le portrait d'une jeune fille, juive, éprise de théâtre, en pleine seconde guerre mondiale. On pourrait presque s'arrêter là et dire que la chose possède une certaine fraîcheur (si), mais ne cherche malheureusement pas à sortir volontairement de cette bien simple problématique... Bon, on va quand même essayer de gonfler un peu plus la chose mais vous allez voir que c'est bien pour le principe... Irène, donc, c'est son nom, est interprétée par une certaine Rebecca Marder (de la Comédie Fr... attention !) qui ne manque pas de peps... de franchise, même... de joie, de vigueur, d'allant, de sourires... bref, comme diraient nos jeunes d'aujourd'hui, elle est "fraîche"... Elle fréquente un garçon Gilbert, pataud comme un Gilbert, mais ne tarde pas à flasher sur un aspirant docteur, un Jacques qui brille, lui, de mille feux (elle rayonne, elle va bien)... Elle prépare le concours d'entrée au conservatoire : son partenaire, juif, disparaît (oh ben pourquoi ???! questionne-t-elle un brin bêtement), qu'à cela ne tienne sa copine lui donnera la réplique (elle est contente, elle va bien)... Son père, bon bougre, tente toujours d'arranger les choses, mais il ne peut empêcher qu'on tamponne le passeport de sa fille d'une mention JUIVE, en rouge, on ne peut plus stigmatisant... Elle sait que, bon, ok, c'est pas terrible, mais elle s'aveugle, littéralement (elle chausse alors ses fausses lunettes pour voir flou) devant ce coup du sort, ce coup de l'histoire (elle est déçue, mais elle va bien, still)... Elle continue donc de faire mine de... Alors oui, l'Irène, elle n'est pas désagréable en soi avec cette optimisme forcené - seulement voilà, on serait presque tenté de dire vu le background de cette histoire que sa naïveté, selon la formule consacrée, confine un peu à la sottise ; certes elle a le droit de vivre sa vie, certes elle a le droit de tomber amoureuse, d'avoir des rêves, de se voir déjà en haut de l'affiche mais on sent bien que c'est un peu court... Kiberlain décide, toute entière dans la peau de son personnage principal, de ne pas nous montrer au quotidien la menace de ces temps troubles, cette occupation, cette Gestapo prégnante... comme pour mieux nous faire partager l'état d'esprit de son héroïne... Nonobstant, disons-le franchement, le procédé est un peu facile en soi, surtout qu'au final, la réalité, elle, on le sait, sera forcément brutale... Du coup, si ce portrait en ces temps pour le moins sombres et agités est original en soi, on se dit qu'il est aussi mis en scène de façon un peu trop légère pour ne pas dire un brin artificielle au regard de l'Histoire... Une jeune fille qui va bien mais un artifice qui prend mal... Mince, trop mince...

Une jeune Fille qui va bien (2022) de Sandrine Kiberlain

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