Ah le cinéma ricain des 80's ! Ce cinéma qui sentait le flirt scolaire à deux balles, les bagnoles bien pouraves et les tenues en jeans pour tous... On y est en plein avec River's Edge, thriller de province qui, à l'époque, devait apparaître dangereusement prophétique et qui, aujourd'hui, paraît souvent aussi émoussé que la qualité de la photo (A la même époque, David Lynch tournait Blue Velvet - avec d'ailleurs également Dennis Hopper dans un rôle totalement starbé : une division d'écart, soyons franc). Gros potentiel au départ pourtant dans cette trame inspirée apparemment d'un fait réel : une bande de djeun's un poil désœuvrés découvre qu'un des leurs (ils vont même faire une petite visite sur les lieux du crime avec le cadavre d'une jeune fille toujours présent) est un assassin (il a étranglé, par frustration dirons-nous). Plutôt que d'aller immédiatement alerter la police, notre bande reste interdite... Il y en a même un parmi eux (Crispin Glover, tout jeunot et en free lance total) qui est prêt à jouer la carte de la solidarité à fond : il faut aider ce pote – et ce même s'il s'agit d'un véritable abruti. En pleines années Reagan, nous sommes les témoins d'une Amérique de province où les parents semblent dépassés par leur progéniture, une progéniture totalement laissée à elle-même, souvent prête à tout pour fumer un ptit buzz, boire de la bière et totalement incapable de la moindre empathie. Interesting en soi, I mean the topic.

Difficile d'une part d'accrocher au jeu des acteurs qui semblent sortir tout droit d'un téléfilm : il y a le gros lourdaud colérique, le chtit gars déjanté, l'amoureux transi (Keanu Reeves, déja transparent), le chtite bombasse molle du cerveau, le gamin irresponsable... et, pour donner tout de même un poil de chien à la chose – ou à la brosse -, Dennis Hopper en « unijambiste amateur de drogue et de flingue, amoureux d'une poupée gonflable » - Je tiens au passage à rappeler que Dennis Hopper n'est pas un jeu et qu'on n'est pas obligé à chaque fois de lui faire jouer le type totalement cramé. Je tenais à. Keanu Reeves (the good guy, as usual at this time) sera le premier à oser faire un pas en direction du commissariat pendant que cette bande de djeun's totalement désoeuvrée laisse glisser sur eux la chose comme si elle était une toile bêtement cirée... Après la génération « no satisfaction », voilà celle du « no reaction ». Cela leur vaudra, une fois le cadavre découvert, un sermon bien balancé de leur prof sur l'effondrement psychologique de la société. Non mais, ptit con. Tim Hunter s'attaque à un sujet qui n'en finira pas de faire des petits par la suite, c'est une qualité en soi, mais reconnaissons que sa description de ce petit monde ultra-typé se fait avec de gros sabots - l'histoire d'amour à la belle étoile dans un parc et avec des sacs de couchages, passons, le Glover totalement fumé qui écoute du hard, limite, les gamins cons comme des serpillères, poussifs, Dennis Hopper en personnage "trouble", hum, facile (Lynch placera définitivement la barre plus haut en en faisant un monstre réellement inquiétant... là, il est franchement un brin surfait, le gars). Du coup, même si le film semble avoir gagné avec le temps son statut de film "culte", on reste, à l'image de l'esthétique vintage, un tantinet en retrait face à cet objet qui s'est non seulement pris avec le temps des petits plombs de carabine dans la tronche mais qui manque surtout de... finesse psychologique. It let me a little bit on the edge…

Le Fleuve de la Mort (River's Edge) (1986) de Tim Hunter

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