Excellent ce petit western du gars Huggins (!? Ah ben oui, il a réalisé un seul film...) qui bénéficie de la très belle photo technicolor (qu'il s'agisse aussi bien de filmer les sauvages scènes d'action en extérieur que l'ambiance "cosy" auprès d'un feu de bois en intérieur) de l'excellent Charles Lawton Jr, d'un casting au taquet (du - certes - vieillissant Randolph Scott qui n'a malgré tout rien perdu de son charisme à la classieuse Donna Reed en passant par le jeunot - et rare - Claude Jarman Jr, un Lee Marvin en début de carrière mais déjà con comme une poêle à frire, ou encore le précieux second couteau Frank Faylen) et d'un solide scénar. On a toujours dit que les meilleurs westerns sont ceux où les personnages passent leur temps à attendre - ce qui leur permet généralement de faire mieux connaissance... Huggins nous sert une première partie très musclée en course-poursuites et en cascades (des soldats du Sud menés par Randolph Scott attaquent un convoi de Nordistes (sans savoir que la guerre est terminée depuis un mois... la boulette) puis se retrouvent chassés à leur tour par une bande de malfrats qui guignent sur leur or) puis nous la joue huis-clos avec les hommes de Randolph assiégés dans une cabane par ces mêmes bandits de grands chemins : ils y font la connaissance d'un vieux de la vieille taillé dans un fût de chêne, d'une mère aussi déprimante que Frank Dubosc et d'un ptit couple de jeunes gens (oui, il fallait bien une meuf quand même) qui prétendent être fiancés - mais il y a anguille... Entre les tensions dans la bande à Randolph - à cause principalement de ce bourrin de Lee qui tire systématiquement avant de réfléchir -, les regards en biais des habitants de la cahute - les hôtes inattendus apprennent en plus à la mère "indéridable" qu'ils viennent bêtement de tuer son fils - ou encore les regards en coin de la chtite Donna - po une facile - et de son couillon de prétendant - aussi digne de confiance qu'un homme politique qui joue au collectionneur d'arts, l'atmosphère dans la cabane a toutes les chances de tourner au vinaigre... Non seulement on voit mal comment Scott pourra s'échapper - la baraque est cernée par une dizaine d'hommes - mais en plus ces derniers ont la curieuse idée de creuser un tunnel pour accéder à l'intérieur - ouais c'est quand même plus souvent un modus operandi pour s'enfuir... Bref, c'est tendu.

Huggins maîtrise parfaitement son sujet en nous servant un première partie palpitante puis en se concentrant dans la seconde sur l'évolution des rapports humains : des amitiés de longue date qui partent en quenouille, des rapports plus froids que la mort (Reed et la mère éplorée qui sont po vraiment là pour jouer les boute-en-train) qui vont avoir tendance à se dégeler - merci le feu de bois (qu'il s'agissent de liens mère-fils que d'accointances amoureuses), en un mot un concentré de déceptions, de trahisons (dans les deux camps d'ailleurs, c'est ce qui fait tout le charme de la chose...) qui donnent lieu à une scène malsaine comme la fièvre (avec un Lee aspirant violeur face à la féline Donna) et à une bonne vieille baston des familles, le tout saupoudré d'un soupçon de sentiments qui tentent d'émerger... dans l'urgence. Huggins évite le piège du manichéisme (avec d'un côté les salopiots de Sudistes prêts à profiter de la situation (garder pour eux l'or braqué) et de l'autre des types qui se la jouent intègres en voulant jouer aux redresseurs de torts : dans les deux camps, la soif de l'or fera des dégâts et la générosité, l'honnêteté pointeront le bout de leur nez pas forcément là où on les attendait), chiade tout du long sa mise en scène et nous sert au final un bon vieux ptit western qui sait tenir son homme en haleine. Sous-évalué avec ce titre français "aventureux" à la Tintin (...) et donc forcément à découvrir.

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Le Relais de l'Or maudit (Hangman's Knot) (1952) de Roy Huggins

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