L'actualité de Mike Hodges est brûlante puisque non seulement il vient de mourir mais ce film est cité comme l'un des préférés de certains grands réalisateurs comme Kubrick (lui non plus, plus en très grande forme). Deux raisons au moins pour se pencher sur ce film même s'il est anglais, même s'il date des seventies. C'est Michael Caine qui mène le bal, l'homme qui ne rit jamais même quand il se brûle, un type du milieu qui se rend dans le nord, à Newcastle (le pôle nord, deux jours de train au moins...), pour tenter de connaître les véritables raisons de la mort de son frère (il est mort bourré au volant de sa caisse, ce qui ne lui ressemble en rien). Il part, en solo, contactant les quelques gens qu'il y connaît encore pour voir si la main du milieu, justement, ne se serait pas derrière cette mort "accidentelle". Paysage ravagé par la grisaille urbaine, campagne dans le brouillard, c'est parti pour un polar pas forcément nerveux mais filmé à hauteur d'homme avec un Caine qui n'est pas venu ici pour rigoler. De la violence, du sexe, du flingage, un bon vieux polar noir qui nous mène dans toute une pléiade de milieux tous plus glauques les uns que les autres, un récit extrêmement bien mené jusqu'au bout, un polar, même anglais, comme on les aime.

Dès le départ, on sent que Caine, proprement magistral, va au devant d'emmerdes : il est prévenu par les siens, pas d'embrouilles hein, il est vite mis au parfum quant à l'hypocrisie des malfrats du coin dès qu'il met un pied dans sa ville natale ; il va falloir la jouer serrée, personne ne semble disposé à lui donner la moindre info gratuitement... Milieux du jeu, des machines à sous, de la prostitution, chaque ponte qu'il croise lui lance un regard torve et le met en garde contre un "ennemi commun". Caine ne s'en laisse pas conter, tabasse, évite les balles, personne n'a l'air d'être au courant des affaires de son frère et tout le monde semble malgré tout suspicieux dans l'histoire... Pédophilie, histoires de cul et cinéma porno, blanchiment d'argent, Caine, de plus en plus isolé doit mener sa barque de façon extrêmement serrée pour démêler cet écheveaux ; mais c'est la mort de son frère qui est en jeu, mais c'est l'honneur de sa nièce qui est touché, et Caine se fout des multiples mises en garde à son encontre : c'est un pur, un dur, il ira jusqu'au bout de la chose, quitte à faire tomber un à un tous les pantins qui l'entourent... Hodges filme des scènes de sexe aussi vicieusement que les scènes d'action le sont brutalement : un coup de poing te démonte une joue, un coup de couteau te transperce le bide, une piqûre mortelle qui laisse des prostiputes définitivement bouche bée, une mort à l'étouffée/noyée (sale destin en effet) et un final tout aussi malsain et tragique (magnifique décor bien pourrave en bord de mer avec ces remontées mécaniques de gravât comme une triste métaphore de cette spirale de violence sans fin). On s'attendait à du bon polar vintage, on n'est pas du tout déçu : du gris, du grisou, du noir bien sale et fatale. RIP Hodges, mieux vaut une tardive reconnaissance que jamais (puis bon, il a quand même fait Flash Gordon, ça ne metttait pas en confiance non plus)...

La Loi du Milieu (Get Carter) (1971) de Mike Hodges

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