L'horreur peut utiliser maints canaux pour s'exprimer, notamment le affres de la maternité. C'est en tout cas ce que nous propose Michelle Garza Cervera avec Huesera, un film mexicano-péruvien qui utilise tout le folklore de son pays, y met une pointe de psychologie, un soupçon de féminisme, et finit par nous pondre un thriller horrifique. C'est donc le statut de femme enceinte qui est vecteur de l'épouvante ici : après moult essais infructueux, Valeria (la très pénible Natalia Solián) attend enfin un heureux événement, et se prépare à la venue d'un bambin. Mais elle va vite se rendre compte que la chose ne se fait pas toute seule : visions morbides, craquements intempestifs de ses doigts, c'est un véritable enfer que vit notre parturiente. D'autant que la pression sociale est lourde, le poids des obligations important en ces contrées mexicaines encore très versées dans la superstition. Cervera préfère s'interroger sur la place des femmes dans la société de son pays plutôt que de foutre les miquettes, elle a le droit, mais son film, du coup, piétine sévèrement. On comprend bien vite que Valeria est sous la pression sociale, et le film ne fait rien de cet état : pas d'effets d'horreur, pas de discours intelligent sur le statut de la jeune femme, pas de suspense, pas de construction scénaristique... On s'ennuie donc sévèrement devant les petites aventures de la dame, que la comédienne surjoue pourtant avec des grimaces defunesiennes. Le seul aspect qu'on apprécie un peu, c'est ce petit ancrage du film dans son territoire : l'état de Valeria sera vite associé à un envoutement démoniaque, et on aura droit à l'exorcisme de rigueur, ma foi pas si mal rendu. Mais ce petit essai sur la dépression post-partum, marrant sur le papier, s'effondre très vite, faute d'un vrai metteur en scène à la direction.

Huesera : The Bone Woman de Michelle Garza Cervera - 2022

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