Oui, tu peux être black, venir d'un quartier pourri, tremper dans le trafic de drogue et finir à Harvard. Comprends bien que le rêve américain est désormais vraiment pour tous, pour peu que tu aies un peu de culot et que tu saches te servir d'internet (bien pratique ce système de bitcoin...). Famuyiwa nous parle de geeks dernière génération (fans de la musique des 90's... de 1890 ?) qui vont faire preuve d'un maximum de pugnacité dans ces quartiers craignos (je parle le langage djeun's de la fin du XIXème siècle également) pour tirer leur petite épingle du jeu : il y a la violence, la drogue, les vols, les rackets mais pour peu qu'on fasse travailler son cerveau, qu'on sache faire preuve également d'une bonne dose d'opportunisme, alors petit, welcome pour réussir dans ce monde capitaliste de merde... Oui, c'est un peu là la limite de la chose : on pense que Famuyika va faire souffler un ptit vent de liberté, de fraîcheur sur les grosses machines cinématographiques ricaines, nous montrer que ces nouvelles jeunes pousses ont un état d'esprit novateur, que leur fighting spirit est au service d'un idéal sans compromis ; oui, ils veulent faire des études supérieures, c'est beau. Seulement il semblerait à notre époque et dans ces banlieues abandonnées que ce n'est pas en travaillant qu'on puisse un jour cueillir le fruit de son travail : il faut simplement savoir détourner le système pourri à son profit (vendre de la drogue, faire du chantage, braquer les autres et être capable de gagner un max de thune...). Pas le choix... C'est tout de même un peu court, jeune homme, comme morale de la chose...

Guère morale mais beaucoup plus excitant est la présence dans le bazar de Zoé Kravitz (du chien) et de Chanel Iman (à se damner, je signe où ?) : l'une est une bombe et aimerait bien continuer ses études (c'est bien petite, viens prendre des cours privés à la maison), l'autre est une bombe hiroshimesque et aime se droguer (viens aussi, petite) ; elles amènent un brin de folie sexy (appelons cela comme on peut) dans le discours finalement très lénifiant de cette Dope. Oui, essayons d'être un tantinet positif, les trois petits jeunes en tête d'affiche ont également du vocabulaire et se moquent parfois volontiers de ces gros bourrins de la rue bêtes comme chou : c'est de bonne guerre et même parfois presque drôle cette petite connivence complice entre eux trois... C'est le seul terrain où l'esprit semble réellement sortir vainqueur. Pour le reste, c'est tout de même musiques lourdingues, gros sabots et petites culottes (j'ai pris les photogrammes au hasard, juste pour vous montrer l'envers des choses) qui prévalent... Un peu bas de plafond. Le film indie de cité est mort ? Allons, ne voyons pas tout en noir, gardons espoir...

Dope (2015) de Rick Famuyiwa

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