Cheryl Dunye est cinéaste, noire et lesbienne autant dire qu'on multiplie les points communs : son projet, en tant que cinéaste débutante, est de se pencher sur une "star" noire un peu oubliée des années 20-30, une certaine actrice qui répondait au doux surnom de "Watermelon Woman" (rapport à son sourire, mais elle semblait aussi très juicy)... A mesure que l'enquête avance, il semblerait que cette jeune actrice ait entretenu des liens étroits avec une cinéaste blanche de l'époque... Une liaison qui aurait forcément un certain parfum de scandale à l'époque... Parallèlement, Cheryl Dunye, entre deux témoignages sur son sujet d'étude, filme sa petite vie au quotidien : ses rapports avec sa pote de toujours avec laquelle elle tient l'accueil dans un club vidéo (et drague la cliente qui passe) ou encore ses amours avec une jeune femme blanche (cela a son importance...) qui semble montrer un intérêt "particulier" à la communauté noire... Un projet artistique porteur de sens et une réflexion ontologique au quotidien sur sa propre identité... On sent bien, hein, au niveau du budget, qu'on est devant un projet un peu fauché, des acteurs un poil amateurs qui n'ont pas des heures de vol au compteur et un montage pour le moins haché... Les informations sur cette Watermelon Woman sont distillées au compte-gouttes (les archives existant sur le sujet sont assez difficiles à trouver, pour le moins) et plus notre Cheryl se penche sur ce sujet qui lui échappe un peu, plus sa petite vie perso bat de l'aile (au niveau du taff, au niveau de sa pote qui se détache d'elle, au niveau de ses amours : elle peine en effet, à véritablement cerner les "motivations" de son amoureuse...). On se rend compte que le sujet, même s'il commence d'intéresser une poignée de spécialistes, a pour l'instant été un peu négligé dans l'histoire d'Hollywood... Un constat un peu amer jusqu'à ce petit twist final qui démontre que la gâte Cheryl, dans ses recherches comme dans sa vie privée, est beaucoup moins innocente et naïve qu'elle s'en donne l'air... C'est assez malin (on ne va pas dévoiler le twist mais cela donne un peu relief au fameux sujet de cette étude) et montre à quel point il reste du chemin à faire pour cette "communauté au sens large" pour être reconnue... Un petit film qui a fait le tour des festivals LGBT avec succès et qui questionne malicieusement et effrontément cette fameuse communauté black et lesbienne... Mordant malgré les évidents petits défauts sur la forme.

The Watermelon Woman (1996) de Cheryl Dunye

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