Film de drogue, tome 2, et j'emploierai le même ton déceptif que Gols pour évoquer ce truc des nineties, "une plongée infernale dans le monde pourri de la drogue" à lire avec la voix de mâle alpha de Laurence Fishburn... Ce dernier a pour mission d'infiltrer un puissant réseau de drogue : partir d'en bas pour essayer de dégommer le numéro 3 ou le numéro 2 de l'organisation. Seulement voilà, le type est tellement bon qu'il parvient à s'insérer dans ce petit monde avec la même facilité que dans une employée de Mme Claude et qu'il te décanille un à un tous les responsables... Jusqu'à atteindre le numéro 1 et à partir en quenouille - il devient de plus en plus incontrôlable, à fond dans sa mission. Petit problème, "le numéro 1, tu n'y touches point, c'est un pote au président ricain" ; Laurence, plus burné qu'un poisson et têtu comme une mule, veut lui, aller jusqu'au bout du process - fuck the world... Pas facile de tenter de marcher dans les pas d'un Scorsese... Dès le départ, même si Fishburn a les épaules pour jouer au fort-à-bras, le film de Duke sonne creux... La mort du père (drogué et bandit) dans les bras du Laurence âgé de dix ans (au secours !), les seconds rôles au rabais (cette jeune fille droguée et énervée qui est aussi crédible que moi en militant de la France debout, ces toquards de patrons de la drogue tout gominé, ce pauvre Jeff Goldblum en avocat mouillé jusque-là dans le réseau (en chauve-souris, il avait une chance (horreur du maquillage), mais là, même quand il s'énerve, il continue à nous faire rire) et un récit prévisible jusqu'à l'ennui : rien ne résiste à Fishburn qui se joue, tout seul, de tout un cartel... Au niveau du style, ce "noir-là moderne" a un goût de jus de chaussettes de mon grand-père quand il revenait de la pêche : une ou deux montée de violence bien ternes, une scène "érotique" pitoyable et un final (le face-à-face Fishburn-Goldblum) con comme la pluie... On sent que Duke aimerait nous faire croire à la puissance de son histoire (l'ultime twist où Fishburn déjoue tous les filets...) mais ce personnage bigger-than-life, imprévisible (jamais je ne toucherai à l'alcool et à la drogue... oh puis tiens, si, une flasque, une ligne de coke, une clope, putain, une clope !!!!), sans compromis, a des allures de super-héros des supermarchés : suffit pas de prendre une masse pour donner à penser que son propos à du poids. On regarde la chose comme une vulgaire série B, tout étonné que Criterion ait pu trouver dans la chose des qualités autres que platement moyennes. Bof bof bof...

Dernière Limite (Deep Cover) (1992) de Bill Duke

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