Faisant fi du fait que les indiens Kwakiutl sont de piètres acteurs mais comptant sur leur charisme, leur vigueur à la rame et leurs joyeux costumes animaliers (on pourrait pointer du doigts deux trois gaziers qui ne dépareilleraient point aux côtés de Cyril Hanuna - sauf que ce dernier essaie tristement de faire rire), Edward Curtis réalise le premier long-métrage anthropologique scénarisé (si ce n'est pas le premier, ça se joue à rien, pardonnez-moi) ; l'histoire méchamment racontée par de longs cartons explicatifs n'a guère de valeur en soi (une banale histoire d'amour troublée par un sorcier qui joue les trouble-fête) mais elle nous permet de découvrir quelques sympathiques coutumes de cette tribu toujours partante pour couper des têtes (les vainqueurs portant leur trophées à la main font bizarrement penser à des pom-pom boys définitivement mal éduqués), pour agiter du totem, pour se couvrir d'oripeaux ridicules (faut que je choppe absolument cette tenue d'ours pour le 31) ou pour tenter des challenges à la con (éteindre un feu à mains nues). Si l'on sent bien que nos gars ne sont pas hyper à l'aise devant la caméra, on découvre tout de même un décor qui vaut le coup d'oeil : du canoë joliment sculpté, des totems inspirés, des sculptures ornementales impressionnantes (en gros tout ce qui a rapport au travail du bois, pourriez-vous me faire judicieusement remarquer... C'est pas faux). Reconnaissons que ces plans de canoë sur l'eau avec ce costume de grand oiseau de proie en proue ont tout de même quelque chose d'envoutant, ainsi que ces processions costumées genre de Disneyland avant l'heure sauf que là on n'est pas dans la faribole. On atteint malheureusement jamais la poésie d'un Tabou ce qui est bien dommageable. A voir tout de même par tout cinéphile pro-anthropo, grand amateur d'images d'une autre ère en des terres "lointaines".

In the Land of the Head Hunters (1914) d'Edward S. Curtis

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