Marvin & Covino écrivent, interprètent (et, uniquement ce dernier, réalise) une œuvre sur l'éternelle amitié homme-homme, le tout avec une évidente complicité. Comme le film est assez bien écrit, distille un petit humour à froid jamais franchement lourdaud et peut se targuer d'être réalisé en une poignée de plans-séquence assez chiadées, on passe un agréable moment en compagnie de ces deux types si ordinaires. L'un, Kyle, est gros, puis maigre, et fait preuve d'un tempérament relativement tolérant pour ne pas dire passif. Il faut le voir se faire violence, notamment, lorsque sa dernière copine en date (et son éventuelle future femme) lui fait une petite leçon sur le fait de savoir dire "non" de façon convaincante... L'autre, Mike, est maigre puis gros et peut faire figure de chieur absolu, possessif en diable. Ne pouvant supporter de perdre son pote, il ne peut s'empêcher de sauter à chaque fois ses copines pour s'assurer que ledit pote rompe avant le mariage. L'alliance, lorsque les deux compères font du vélo ou picolent ensemble comme des salauds, déraille plus souvent qu'à son tour. Comme ils s'aiment et s'engueulent pour la vie, leur amitié, faite de haut et de bas, ne peut malgré tout que résister à tous les coups fourrés et autres plans foireux. Un véritable buddy movie qui tente de résister aussi bien à l'épreuve des accidents, de l'alcool, que des femmes ou des enfants...

On sent dès la séquence d'ouverture que nos deux hommes n'ont rien laissé au hasard, au niveau des dialogues comme de la mise en scène. Cette montée de col en vélo qui part résolument en vrille (pas facile de ne pas craquer quand ton meilleur pote t'annonce froidement qu'il saute depuis un certain temps ta fiancée) donne à voir nos deux amis en grande forme aussi bien physique (il faut tenir la cadence, bon sang) qu'artistique (le plan est réglé au millimètre, avec de multiples interventions extérieures (un groupe de cycliste ou un chauffard énervé en 2CV sans, apparemment, d'effets spéciaux). On est automatiquement dans le ton de cette amitié faite de trahison et de déclaration d'amour virile ; il y aura sans doute par la suite quelques baisses d'intensité, quelques séquences à l'humour un tantinet forcé (la partie de pêche sur le lac gelé, le déménagement) mais l'ensemble continue d'être relativement plaisant à suivre, avec toujours cette caméra aussi fluide et collée aux basques de ces deux amis inséparables (pour le pire et le meilleur). Au final, une petite comédie US revigorante, sous influence française déclarée (du choix des chansons aux clins d'œil à Etaix ou Sautet) et joliment soignée cinématographiquement. On prend la roue de la chose avec joie et entrain.

The Climb (2020) de Michael Angelo Covino

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