Les années 80, un petit garage en province, la relation entre deux frères, le premier amour balbutiant... Oui, on sent bien qu'il y a la des motifs (il est aussi question de radio FM) qui ne peuvent que nous rappeler certains souvenirs personnels... On était certes un peu plus jeune à l'époque, mais on reconnaît tout de même ces enfoirés de sous-pull, cet incontournable walkman ou encore ces K7 qu'on traficotait. Cardona touche la corde sensible... Alors bon, disons-le d'entrée, son film risque d'avoir moins d'impact que Lost Highway, c'est vrai. On est dans une approche plus classique, plus linéaire, moins torve... Mais ce n'est pas pour autant que l'on va bouder son (mince) plaisir tant il y a dans ce héros des caractéristiques (au delà du physique, hein... comment ça, aussi ?) qui ne peuvent que faire écho à sa propre histoire, des caractéristiques que Cardona parvient avec une belle sincérité, une évidente sensibilité, à traduire...

Il est question ici d'un jeune homme en fin d'adolescence qui sait manier les potars : avec son frère ainé, il anime avec fougue une petite radio locale... Il partage avec son aîné une certaine haine du père devenu apparemment un peu con depuis la mort de la mère (mais il l'était sans doute aussi un peu avant), une certaine complicité aussi, et il aimerait surtout partager le cas échéant sa blonde copine Marianne... Seulement voilà, notre héros, Philippe Bichon, est timide comme tout et n'ose se rapprocher de cette jeune coiffeuse au sourire si doux... Dur... Mais plus dur sera pour Philippe le deuxième coup de lame ; incapable de se faire réformer P4, il part faire son service chez les Boches... C'est la double peine... Mais cela ne l'empêche point de continuer à rêver à cette troublante Marianne... Etc... Ce qui est assez bien vu ici, ce sont ces relations d'amitié-tension avec ce grand frère un peu bancal, un peu rêveur et branleur à la fois, des relations de sang qui se tissent plus dans l'esbroufe et les éclats que dans la franchise et la confession. Une amitié de brothers, quoi... Il faut reconnaître d'ailleurs sur ce point que le brother aîné est beaucoup plus extraverti, exubérant même que ce taiseux Philippe ; comment celui-ci, même s'il sent poindre avec elle un début d'affinité, pourra-t-il séduire Marianne, pourra-t-il faire preuve d'audace pour l'approcher ?... Ce Philippe est doux comme de la mousse en forêt, tout comme ce timbre de voix profond mais légèrement voilé... Toutes les hésitations, les pudeurs, de ce personnage central sont assez bien rendues ici par un Cardona qui dessine soigneusement ce personnage... Bon, voilà, une fois cela dit, le film (qui reste un premier film, forcément) peine à vraiment décoller, à sortir d'un sillon un peu attendu (point d'originalité folle dans ces petits caractères de province un rien prévisibles). On passe malgré tout un bon petit moment avec ce récit teinté automatiquement de nostalgie, en attendant un second projet forcément un peu plus ambitieux.

Les Magnétiques (2021) de Vincent Maël Cardona

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