Ça craque, ça saute et ça floute dans ce western des origines, filmé pourrait-on croire en direct des événements qui y sont dépeints. Sur un scénario qui devait sembler dément à l'époque, mais qui est aujourd'hui d'un conventionnel total, Campbell obéit à un cahier des charges déjà bien en place : de l'aventure, de la romance, du Peau-Rouge immonde, de la fusillade, des héros sans peur, des jeunes filles levant les bras au ciel, des grands paysages, une pointe d'humour, et le tour est joué, vous en donnez pour son argent au public en frac venu s'ébaubir. On en est encore au minimum syndical de la mise en scène, soit des cadres fixes et moyens en plans américains montés au plus efficace, vague héritage du théâtre que ces pionniers n'arrivent pas encore à transcender. On remarque pourtant là-dedans quelques très jolis plans généraux montrant là un village indien, ici une caravane riche en figurants, là encore des Sioux prenant place sur une colline. Campbell et Grandon ont des moyens, et ont indéniablement le sens du spectacle, sachant donner une certaine puissance à ces beaux plans éloignés. Sinon, les wokistes feront une croix sur leurs convictions, puisque ce film est d'un racisme crasseux et d'un machisme sévère : les Indiens tombent comme des mouches et c'est tant mieux, parlent petit-nègre et ne sont que brutalité (à l'exception de la sœur du chef, dotée d'un brin d'humanité, puisqu'elle sauve quand même le héros d'une mort certaine) ; les femmes sont fragiles et concons, heureusement que les fougueux cow-boys (en l'occurrence Tom Mix, très à l'aise au début en facteur cascadeur) sont là pour les protéger. Celle de service est pourtant la cause principale de la guerre inter-ethnique qui constitue les 10 dernières minutes, bien tonitruantes comme il faut, noyées dans la fumée des fusils. Une rareté, un vestige, c'est toujours bon à prendre et puis ça change de Barbie.

Go old west, here

In The Days of The Thundering Herd de Colin Campbell & Francis J. Grandon - 1914

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