Voilà une œuvre qui n'est pas sans rappeler le style, les ambiances à la Todd Solondz, le petit côté avant-gardiste en plus, les répliques fun et drolatiques en moins. Non point que Byrne (la tête des Talking Heads) ne tente pas un certain humour à froid mais il n'a pas franchement trouvé en moi preneur... True Stories est une petite histoire de l'Amérique en miniature (Virgil, Texas) qui pourrait se décliner à plus grande échelle. Byrne va d'habitat en habitat, nous présente une poignée de ses habitants qui ont tous leur petite "valeur" humaine : il y a John Goodman, alors point si gros mais déjà à la recherche de l'amour, cet entrepreneur et sa femme qui ne se parlent plus depuis belle lurette si ce n'est par leurs enfants interposés (curieuse scène à table, un peu loufoque mais vite épuisée), un branle-manette rentière qui vit au lit et qui jouit des temps modernes avec cet appareil mécanique chaplinesque (enfin au point) qui la nourrit, une mythomane qui évoque toutes les occases manquées mais pour laquelle elle avait auparavant été contactée... Des petits personnages qui s'agitent tels des marionnettes un peu creuses avec en point d'orgue THE défilé de Virgil (avec les majorettes du cru et plein de personnages ridicules (la palme aux grands-pères dans leur bagnole de gosse : ces Ricains, d'éternels enfants hilares et pollueurs)) et THE spectacle de l'année (de la cuisse, du chant, du sketch, tout ce qu'on aime - ou pas vraiment).

On sent, derrière ce scénar qui ne s'emmerde pas vraiment avec un récit savamment construit, une petite critique en creux de cette Amérique, tellement en manque d'amour, et si vite rassasiée par le consumérisme primaire... C'est un fait. De plus, on s'étonne que dès ces années-là, les thèses de "complot généralisé" soient dans toutes les têtes (comme une sorte de nouvelle religion - voir l'épisode farfelu et chantant du prêcheur) - Trump saura s'en souvenir -, ainsi qu'une certaine idée, une certaine vision du tout électronique (sans que le moindre ordinateur ne soit encore présent) : on sent que le siècle futur sera informatisé ou point. Un petit film qui mine de rien annonce quelques-uns des grands changements de la société ricaine et mondiale (cet ignoble Mall et ce défilé de mode à la con : deux temples du XXIème siècle). Un petit soupçon de causticité flotte dans l'air, il y a une indéniable originalité dans le traitement de la chose, mais pas assez pour rendre l'ensemble tout à fait captivant (les saynètes sont souvent trop indépendantes les unes des autres, tout cela manque de liant, comme s'il s'agissait d'agencement de pubs et de clips... On pourrait certes aussi voir là-dedans une critique de la société zapping de demain. Certes). Un essai décalé, pas si daté, mais un peu trop olé-olé dans la forme.

The Criterion Collection

True Stories (1986) de David Byrne

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