Certains de nos lecteurs n'étant point encore bilingue en norvégien, je leur livre la traduction de ce petit film d'horreur vintage : Le Lac de la Mort (titre non officiel, donc, d'où l'emploi du titre original ci-dessus, sans aucune cuistrerie bien sûr). Nous voici donc devant ce que l'on considère comme l'une de ces "pierres blanches" cinématographiques... en Norvège. Alors oui, c'est vrai qu'on s'attend à un truc super bien senti, "ambiancé ehehe", capable de nous faire vibrer au fin fond de la nuit, de nous mettre de la glace sur l'échine au vu la provenance de l’œuvre. Disons tout de go que l'intrigue est solide (six amis et un flic se retrouvent au bord d'un étang sur lequel plane une mystérieuse légende : un homme, jaloux de sa sœur, aurait sacrifié icelle avant de s'y jeter... depuis, l'âme du type serait capable de prendre possession des visiteurs des lieux qui auraient subitement l'envie d'aller s'y noyer - flute), que les thématiques lourdes s'enchainent (inceste et désirs secrets, analyse freudienne des rêves, hypnose à distance...) et que le noir et blanc, avec des noirs d'une belle profondeur, est relativement joli. Seulement voilà, pour ce qui est des frissons, de l'ambiance terriblement morbide annoncée, on reste un poil déçu (c'était un film pour Gols, je le savais, c'est lui qui sait se prendre au jeu à ce genre...)...

Quand notre petit club des six débarque dans cet endroit relativement "remote" et écoute d'entrée de jeu la légende racontée par le flic du coin, on se frotte les mains devant le potentiel de la chose - d'autant qu'une des filles du groupe était censée retrouver son frère parti sur les lieux en éclaireur mais le bougre a disparu depuis quelques jours... Une petite visite est rendue à ce lac muet comme une carpe et forcément tout le monde tremble en visitant ces rives de peur d'y trouver le frère noyé... On n'y trouvera que le chien du frère avec une balle dans la tête ce qui n'est pas forcément de bonne augure. Tout le monde s'inquiète, le flic enquête et on se demande qu'elle sera celui qui va se retrouver possédé avant de plonger dans le lac... La sœur est la première pour laquelle on frissonne (bien joli plan que cette somnambule tout de blanc vêtue qui s'approche des eaux nocturnes) et l'un du club des six est dans la foulée porté disparu... Brrrr... Brrrr ? Alors oui et non... Même si, lors de la lecture du journal intime du frère (une lecture mise en images en flash-back), on assiste à une scène pour le moins stressante (ça fout toujours les chocottes un barbu zombie qui sort d'une rivière...), on restera pour la suite un peu sur notre faim... Beaucoup trop de discussions et de blabla dans la cabane pour tenter de comprendre, d'analyser, de théoriser, ce qui se passe et pas assez de scènes vraiment chocs pour plomber véritablement l'ambiance... On reste dans un ton assez bon enfant, en fait, et pas assez glauque et terrifiant... Du coup, on attend le final avec la gorge pas franchement serrée et on applaudit que d'une main cette œuvre sortie des profondeurs du lac, certes, mais qui n'a rien de franchement cultissime. Pour les amateurs en manque de voyage en terres nordiques...

De dødes tjern (1958) de Kåre Bergstrøm

Partager cet article