Que reste-t-il de ce "film-phénomène-comique" de Les Nuls trente ans après ? J'ai envie de dire rien, ou, allez, juste un doigt de rire peut-être mais pas plus... Une sombre affaire de meurtres sur fond de festival de Cannes, des caméos à la pelle, quelques gags éculés et une poignée de répliques cultes assénées depuis jusqu'à la lie (on peut aimer 1000 fois etc...), c'est un peu le seul bilan que l'on peut tirer à la revoyure (poussive) de la chose... Des personnages sans relief (Farruj', le gars immature qui vomit, des projectionnistes qui ont trois lignes de dialogue avant d'être... coupés... Seuls Chabat et le suave Darmon tentent de tirer leur épingle avec... une pointe de finesse ou de lourdeur), un scénar répétitif et peu inspiré, des gags au diapason, le groupe comique a beau se dire inspiré des Monty Python, ils n'en ont ni la créativité, ni la folie, ni l'absurdité jusqu'au-boutiste... On sent bien, pourtant, que le film bénéficie d'un budget conséquent (mouvement de caméra à la louma à l'envi...), que tout un petit monde de stars de seconde zone se rend disponible pour se prêter au jeu rigolo de l'auto-vanne, mais tout cela ne vole pas plus loin qu'une bécasse sans aile : il n'est question, sur le fond (...), que de publicité opportuniste pour un film de série Z, il n'est question, dans la forme, que de petits clins d'oeils à divers genres (l'horreur, de façon artificielle et non gore, la comédie musicale (une carioca un peu trop ridicule et étirée pour faire vraiment mouche...)) et même si, dans le domaine comique "visuel", on sent quelques tentatives de jeu sur le cadre (deux personnes que l'on filme de loin, qui parlent... mais cette discussion n'est pas la leur ; la tasse de café géante hors-champ ; les personnages filmés dans deux cadres différents alors qu'ils sont à quelques centimètres...), l'effet produit reste en général bien faible sur nos zygomatiques... Alors bah, las, on ricane devant les mots sussurés de Darmon à Chantal Lauby ou devant les mimiques de Chabat se foutant de la gueule, lors d'un saut infini au ralenti, de ces cons de mimes de rue mais tout cela manque quand même un peu d'ampleur et d'ambition (Chabat aura un peu plus les coudées franches avec Astérix, oui). Un peu nul, disons, globalement, sans trop vouloir trahir notre attachement nostalgique aux gus, c'est de bonne guerre.

La Cité de la Peur (1994) d'Alain Berbérian

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