Voilà un petit film irlandais comme l'Académie des Oscars les aime (la chose étant sélectionnée en tant que meilleur film étranger) : du minimalisme, de l'enfant, de la trivialité gentille et de l'émotion, bouuuuurfff, à la fin, qui finit par faire mouiller son siège à tout spectateur qui est censé avoir du cœur et des fibres... Rien de bien méchant, une gentille histoire en soi, mais une petite œuvre pas plus marquante que les Anglais hier au rugby... Soit dont Cait (prononcez shrrrammps - l'accent irlandais vaut quand même le détour), une petite fille toute jolie qui fait pipi au lit et mal aimée par ses parents (une mère qui pond plus vite qu'une douzaine de poules et un père branleur rongé par le jeu et l'adultère : la connerie mâle brute). Le 28ème enfant est programmé et le couple décide tout bonnement de se débarrasser, le temps des vacances, de cette pisseuse en la confiant à un couple de vagues cousins vieillissants et paysans. Voilà le lot, démerdez-vous, le père oublie même de livrer la valise avec la fille - c'est vraiment un sale con, et la vie est trop injuste j'ai envie d'ajouter... Cait fait toujours pipi au lit mais au lieu de le lui reprocher, cette mère d'adoption sait trouver les mots pour la décomplexer - elle ne fera désormais plus pipi, la psychologie triomphe... Le père d'adoption est quant à lui un super taiseux (on apprendra par la suite le traumatisme qui l'a touché par le passé...) mais se penche peu à peu sur cette fragile gamine - une complicité, à n'en point douter, s'éveillera (que c'est beau de les voir laver la merde ensemble dans cet étable, comme c'est touchant)... Roh c'est mignon comme tout ces deux vieilles personnes pleines d'attention pour ce petit bout : filmé proprement en plans fixes et cadré au petit poil (de légers panos ou travellings à l'occasion mais avec grande parcimonie et lenteur), ce bien beau film scolaire sait capter les petits instants frivoles et touchants de la vie (on aura droit d'ailleurs en fin de film à un "best of" au cas où on se serait endormi et aurait manqué l'un de ces petits moments inoubliables) avec, au final, disais-je, cette vaguasse d'émotion censée fracasser son (vieux) spectateur attendri... Bon, rien de bien nouveau là-dedans (l'Irlandais ne bouffe bien que des patates et ne peut s'empêcher d'avoir un voisin qui s'appelle Sean, Sinead ou Cian... C'est dingue ce manque d'imagination pour les prénoms et la gastronomie...), un film simple et gentillet bon comme du bon pain : cela permet parfois d'aplanir les vicissitudes de la vie... dommage, simplement, que ce petit goût de farine que le film laisse en bouche soit si proche de l'insipidité - oscarisable, donc. (Shang - 12/03/23)

J'ai bien voulu moi aussi me laisser guider (par une main amie) au pays de Candy où on s'amuse certes, mais aussi où on pleure et on rit. Voilà en effet un film qui ne vous veut que du bien : c'est beau (pas dégueulasses, quand même, ces cadres sur la nature, et puis cette lumière rasante, et cette campagne euh verte), c'est touchant, ça fait pleurer et rire, c'est raconté dans une linéarité pas difficile, c'est injuste mais parce que c'est la vie, et puis c'est joué avec la bienveillance de coutume. Non, vraiment, on ressort de là très amoureux de cette pauvre gamine délaissée et de ses parents d'adoption, très en colère contre cette chienne d'existence qui bafoue l'innocence, et prêts nous-mêmes à débattre des violences faites aux enfants au bistrot à la sortie. Ça nous en fait bouger une (et encore) sans remuer la deuxième, mais allez, c'est œcuménique à souhait, trop meugnon et pas si mauvais si vous êtes dans un jour guimauve et Irish stew. (Gols - 03/05/23)

The Quiet Girl (An Cailín Ciúin) (2022) de Colm Bairéad

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