Traquée (No One Will Save You) de Brian Duffiel - 2023
Il s'en est passé, dans le petit monde du film d'horreur, en 2023, dis donc. Je rattrape mon retard ces derniers jours, et c'est pourquoi ce Traquée m'est tombé sous les yeux. Bon, on va aller vite : malgré l'indéniable ambition de départ, le film ne tient pas ses promesses, et s'enterre à une demi-heure du début. C'est souvent comme ça avec les films d'horreur : ça part d'une bonne idée de départ, ça a des intentions louables, mais les gusses oublient qu'il faut tenir 1h30. Voici donc une jeune femme qui s'isole en bordure de forêt, dans la maison de son enfance, pour fuir un passé qu'on imagine douloureux (et dont il ne faut pas être devin pour deviner la teneur très très vite). C'est alors que débarquent ni plus ni moins des extra-terrestres, idée qui donne la seule scène vraiment bonne du film : une course-poursuite à travers toute la maison, pleine de suspense et d'action, où le cinéaste tente d'éloigner toujours la vision plein cadre de ces aliens aux intentions mal définies. Il fait bien : dès qu'ils apparaissent, la déception point : mal conçus dans des effets spéciaux numériques des années 80, ils ressemblent à tous les extra-terrestres que les films ont inventé depuis 1928, humanoïdes aux grands yeux et à la petite bouche, sorte de E.T. à la communication gutturale. On se dit que Duffiel manque diablement d’imagination pour concevoir des envahisseurs aussi pauvres en imagerie.
Bon, les visiteurs poursuivent notre jeune femme, qui va mettre tout le métrage et toute son ardeur pour en venir à bout, dans une interminable suite d'épisodes qui manquent singulièrement de nerfs. Les agissements de l'héroïne laissent un peu songeur (pourquoi revient-elle finalement dans la maison, isolée de tous ? pourquoi sa visite au commissariat du coin n'aboutit pas ?), et le film ne cesse de revenir sur les mêmes épisodes, piétinant à la recherche d'un truc à raconter. Le grand challenge, c'est de montrer tout ça sans dialogue : du début à la fin, le film est muet, ou en tout cas privé de parole, les seuls sons émanant du feulement de cancéreux de ces aliens, quitte à ruser parfois maladroitement (la rencontre avec les flics). Quand enfin la femme s'exprime, c'est de manière complètement inutile, on se demande bien la nécessité d'avoir cédé sur le dispositif pour si peu. En tout cas, on comprend peu à peu que cette histoire d'invasion extra-terrestre est en fait un symbole de la résilience de la dame pour oublier sa Faute Originelle, et que le film cherche à s'inscrire dans la fameuse veine des Under the Skin, Gravity et autres The Descent : une histoire intime racontée avec plein d'effets et de bruits, pour mieux revenir ensuite au nœud d'un problème tout psychologique. Celui de Traquée est bien trop minable et prévisible pour vraiment fonctionner, et on quitte ce bazar dans l'indifférence totale, ni convaincu par la tension du film (on n'a jamais peur), ni touché par cette résolution par l'action d'un trauma.