Past lives - Nos vies d'avant (Past Lives) (2023) de Celine Song
Ah c'est beau cet esprit romantique à souhaits, où les souvenirs d'un temps jadis affleurent vingt ans plus tard - amour, amitié ou que dalle ? Que restera-t-il d'une complicité totale entre deux enfants séparés par cette chienne de vie ? Vous me sentez un peu caustique ? Vous avez raison et j'ai peut-être tort : ce petit film essaie en toute honnêteté de faire la part belle à ces micro-sentiments d'un temps enfoui et que l'on essaie (à tort ou à raison...) de faire éclore un jour à l'âge adulte... Cela part d'un bon sentiment chez cette chère Song qui nous conte donc l'histoire suivante : Nora et Jung sont inséparables ; en fait, non. Nora, en ce début d'adolescence, quitte la Corée avec ses parents pour s'expatrier au Canada... Devenue écrivaine, installée à New York, elle renoue contact avec Jung douze ans plus tard. C'est tout de suite des échanges interminables via le net... Mais Nora veut se concentrer sur son destin d'artiste et coupe pour un temps les liens... Douze ans plus tard, Jung débarque à New York pour retrouver cette amie d'enfance... Oh mais beaucoup d'eau a coulé sous tous les ponts depuis, Nora s'étant notamment mariée à un écrivain américain... le mojo sera-t-il toujours là, malgré tout ?
On est "dans la romance qui ne veut pas dire son nom" en plein et Song marche sur des petits oeufs de caille pour nous conter cette histoire d'amour contrit... Elle nous montre, à défaut de nous faire véritablement pénêtrer dans la psychologie de ses personnages, le vague-à-l'âme qui étreint nos deux âmes en peine séparées par un sort tortin... La caméra glisse sur ces deux êtres sur lequel le temps semble également doucement glisser, deux êtres un peu perdus dans leurs pensées avant de rencontrer, chacun de leur côté, une autre âme soeur... Le scénario se fait des plus discrets sur ces deux êtres pour mieux se concentrer sur une nouvelle rencontre sans cesse repoussée entre Nora l'artiste et Jung l'ingénieur... De bien belles images de New York serviront de cadre à ces retrouvailles, on s'en doute, pleines d'émotion, et de petits dialogues amicaux tenteront, par tous les moyens, d'évoquer l'essentiel (on va s'aimer ou pas, bordel ?) et oups... Bon, je sais pas, Song essaie bien de faire dans la dentelle sentimentale mais tout cela sonne quand même un peu platounet... parce que les personnages secondaires sont à peine esquissés (ce gentil écrivain américain, on peut essayer de lui donner une chance ou pas ? Il a quoi dans le ventre, il écrit quoi ?), parce que les personnages principaux manquent de densité (ils sont bien mous, nos deux amoureux coréens, qu'est-ce qui les fait vraiment vibrer au-delà de cette évidente nostalgie enfantine ?) - on pourrait évoquer une certaine pudeur asiatique, je dis pas, mais tout cela manque un peu de sel et de passion, non ? -, parce que c'est filmé un peu trop sagement, parce que l'humour est méchamment absent ?... Mouais le fait est que le film m'a un peu glissé dessus et, tout en reconnaissant une petite pointe d'émotion finale (Song, paradoxalement, gère plutôt bien ses silences...), m'a laissé un peu froid. Honnête mais trop sage...