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11 octobre 2023

Coup de Chance de Woody Allen - 2023

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Voici donc, contre toute attente (je prédis sa fin depuis 2002 à peu près), le cinquantième, et cette fois-ci tout dernier, film de Woody, THE paria du cinéma mondial, celui qui est désormais boudé par ses pairs, conspué par ses contemporains et oublié par les jeunes. C'est un malheur, mais il faut dire aussi que le bougre a perdu tout mojo. Si Coup de Chance est un poil plus regardable que le vomitif Rifkin's Festival, il n'en reste pas moins une calamité à tous points de vue. Où sont passés l'élégance de la mise en scène, la subtilité des dialogues, le talent des comédiens, la drôlerie constante des situations, dans cette triste comédie de boulevard ? C'est bien simple : on a l'impression (comme le dernier Polanski, tiens) que Woody ne sait plus filmer ni écrire. Condamné à tourner en France et en français, langue dont il ne connait visiblement rien, le gars fait prononcer à ses acteurs, particulièrement pénibles, des dialogues sans nerfs, très artificiels, trop écrits ; et comme il n'a pas non plus choisi la crème des comédiens (Poupaud, De Laâge, Lemercier...), ceux-ci sont pris en plein exercice de jeu faux, de flou complet dans l’interprétation, voire carrément d’amateurisme (les scènes de dialogues de groupe font vraiment peur). Certaines répliques, même, se chevauchent sans vergogne, mais Woody a gardé les prises, pressé peut-être d'aller écouter pépère de la musique au club de jazz voisin. Les acteurs ont l'air à peu près aussi consternés que nous.

Coup-De-Chance

Mais si ce n'était que ça. Tournons-nous vers la mise en scène, et observons la laideur insigne de ces plans. La caméra allenienne, d'ordinaire subtile et discrètement inventive, tombe dans tout ce qu'elle avait évité jusque là. Par exemple dans les scènes d'intérieur : on reconnaît les demeures grand crin (y compris dans l'image qu'a le bougre d'une chambre parisienne bohème : le personnage de Niels Schneider vit dans un véritable palace), mais c'est comme si Woody avait oublié les vertus du hors-champ et de l'ellipse. Sa caméra, mobile du début à la fin, va traquer la moindre petite réplique, se perdant dans mille mouvements inutiles et moches comme si elle voulait tout filmer. Ça y va fort du travelling, du panoramique, du recadrage, voire même de agitation tous azimuts, le tout contraignant le cinéaste à produire des tas de plans affreux, avec des focales qui ne correspondent pas à ce qui est filmé, qui écrasent les personnages. La photo de Storaro ajoute encore à la hideur : des appartements orange et bleu, des extérieurs baignant dans une atmosphère de soleil couchant inregardable ou dans des verts ternes quand il s'agit de filmer les jardins parisiens.

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Quant au scénario, qu'en dire, à part que ça semble dater de l'époque de Sacha Guitry, avec ces bourgeois qui partent à la chasse, ces écrivains romantiques et ces adultères de théâtre de boulevard. On ne vibre pas une seconde aux mésaventures de cette femme mal mariée s'éprenant d'un ancien camarade de lycée, pas plus qu'à la traque obsessionnelle du mari pervers (et détenteur d'un train électrique, tiens, une petite note autobiographique ? un aveu ?) pour se venger de l'amant. Parce que les tueurs sont caricaturaux, parce que la belle-mère est une miss Marple de pacotille, parce que Poupaud joue comme un cochon, parce que Woody ne parvient jamais à faire monter le suspense, parce que rien n'accroche dans le dessin des personnages, dans la psychologie, dans l'écriture de ces dialogues platounets. Rien, il n'y a rien dans ce film terne et ennuyeux, même pas (ô comble des combles) la musique, pour cette fois mal choisie et placée au petit bonheur. Coup de blues.

Jamais hors d'Allen

Commentaires
E
Pas loin de "Sous le soleil". <br /> <br /> Woody Allen est fin prêt pour un revival de la série!<br /> <br /> On en bave d'avance.
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