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13 juillet 2023

Indiana Jones et le Cadran de la Destinée (Indiana Jones and the Dial of Destiny) de James Mangold - 2023

Sans titre

Au milieu du concert de louanges, il fallait bien la petite voix de Gols pour envoyer de la grimace et de l'aigreur : j'ai été quelque peu déçu par cet opus tardif de notre héros au fouet, je vous le dis tout net. Non pas que je ne me sois pas amusé à plein d'endroits. Mais l'ensemble me paraît tenir du bon produit hollywoodien classique, du film d'action efficace, là où le "mythe" Indiana Jones, du temps de Spielberg, transcendait complètement le genre, dépassait amplement le cahier des charges du tout-venant du blockbuster. Jusqu'à maintenant (et si on exclut le dommageable épisode 4), la franchise nous faisait renouer avec quelque chose de notre enfance, allait faire un tour chez Tintin autant que chez Jules Verne, usait du merveilleux et du fantastique avec une nostalgie pour la magie de l'enfance qui faisait merveille. Mangold en fait un film d'action de plus, certes très efficace et réussi ; mais que Indiana Jones y soit présent est presque anecdotique. Et on regrette le temps passé.

Indiana Jones 5

La scène d'introduction m'a déjà fait beaucoup de mal : Harrison Ford y est rajeuni numériquement, pour des scènes aux effets spéciaux assez immondes (ce type qui court sur le toit d'un train, animé comme dans un jeu vidéo un peu ringard), et tout est dit : adieu le fait main, l'artisanat, l'humanité des premiers épisodes, bienvenue dans l'ère du fake et des pixels. La séquence est laide, et l'action, du coup, est rendue banale, tant on sent qu'on regarde des images de synthèse se friter entre elles et qu'on s'en bat les reins. Pourtant, Mangold essaye ici de retrouver parfois la fluidité de la mise en scène spielbergienne, cette façon d’enchâsser chaque action dans une autre pire encore, dans une logique de la surenchère. Après cette pénible introduction, ça va mieux : on retrouve notre Harrison avec l'âge qu'il a, et on aime cette façon d'assumer ses rides, de jouer même avec humour avec le vieillissement et la ringardise du personnage. Il est flanqué pour l'occasion d'une concurrente toute en charme et en humour (la délicieuse Phoebe Waller-Bridge), et il retrouve également un bambin débrouillard, comme dans l'épisode 2. Petit plaisir aussi : il est à nouveau confronté aux nazis, traités ici avec un premier degré salutaire, et représentés par le grand Mads Mikkelsen, parfait en salopard intégral. Il ne faut que quelques minutes pour que l'action envoie des cacahuètes, notamment lors d'une spectaculaire séquence en touk-touk, qui renoue pendant quelques minutes avec la maestria spielbergienne. On s'amuse pas mal à voir notre trio infernal régler leurs comptes privés tout en assommant sans vergogne des nazis, en sautant dans des avions en marche ou en frôlant la mort.

Sans titregg

Mais peu à peu, le manque d'idées se fait sentir. Oui, on en prend plein les yeux, oui le gars n'est pas avare en scènes d'action (quitte à en rajouter deux très longues qui sont en trop : une sous l'eau avec des murènes, inutile ; l'autre qui tente de renouer avec le merveilleux des découvertes archéologiques propres au personnage, poussive et bâclée), oui il a un certain savoir-faire dans l'écriture, et oui il sait très efficacement semer ça et là l'émotion qui va bien (notamment lors de la séquence finale, joli adieu au personnage). Mais l'esprit de la saga est ici comme dévoyé, rendu à sa simple efficacité commerciale, comme si Indiana Jones n'était qu'un produit de consommation de plus, et pas une série avant tout révélatrice de notre part enfantine, un objet de nostalgie, un doudou en quelque sorte. En attestent ces effets spéciaux vraiment affreux, ces trucages à l'ordi qui rompent avec l'esprit de la saga, ces transparences dégueulasses : symbole d'un dévoiement de l'esprit de la chose. On regarde le film se dérouler en rigolant bien, satisfait et repu, mais on ne peut s'empêcher de repenser aux premiers épisodes, et de se dire que quelque chose a été perdu ; peut-être notre enfance, certes ; mais peut-être aussi un savoir-faire, une confiance dans la magie simple du cinéma, une capacité à nous émerveiller. Ce n'est pas en copiant des recettes qu'on devient Troisgros.

Film-Review-Indiana-Jones-and-the-Dial-of-Destiny

Commentaires
D
Gols, c’est Zorg (Anglade), 1985, en Vespa, les moustiques aux dents, qui racle le bitume lozérien et brandit le poing au ciel, convaincu que les deux films de l’année sont Détective et La couleur pourpre. Le problème c’est que 40 ans ont passé et De Palma, Scorzézé, Spielby aussi. La preuve: on délire de moins en moins sur eux depuis une décennie ou deux, non ? Cinéma d’un temps, d’une époque post-boomers un peu trop extatique, peut-être. On extravague sur Lumet, juste au-d’sus ; eh bien justement, quitte à ressortir les beaux restes du New Hollywood, pourquoi pas se concentrer sur lui (et Altman), à<br /> <br /> présent, tiens ? Leurs films vieillissent merveilleusement bien, à eux, si, si :-)
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T
Pas si inintéressant que ça, ce 5e Indiana Jones. C'est peu dire que l'on n'y retrouve rien de la maestra Spielbergienne quand il s'agit de surenchérir dans les scènes d'action, celles-ci ne fonctionnant jamais vraiment. Ce qui marche, ce sont les retrouvailles avec notre bon vieux Harrison Ford, figure devenue anachronique autant que son personnage. Pas eu l'impression de partir à l'aventure, mais plutôt d'aller rendre visite à un vieil oncle (qui fantasmerait sur ses aventures passées). Me serais quand même bien contenté d'un court-métrage cela-dit.<br /> <br /> <br /> <br /> Concernant le copié-collé des Tintin : il paraît que Spielberg ne connaissait pas Tintin avant d'entendre les critiques françaises y faire référence. Je me demande s'il ne se serait pas plutôt inspiré de l'Homme de Rio s'inspirant de Tintin.<br /> <br /> <br /> <br /> Concernant Gaston : Il paraît pourtant qu'un nouvel album soit prévu...
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H
Et puis quand même... les plus grands récits d'enfance, au cinéma ou en littérature, et aussi enchanteurs soient-ils, ce ne sont jamais des « doudous » ! Ce sont Spielberg et Lucas qui ont enfoncé dans les caboches l'idée tautologique (donc idiote) selon laquelle évocation de l'enfance devait rimer avec régression.
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H
Vous prenez soin de mettre le quatrième opus à part, mais rappelons tout de même qu'il se terminait lui aussi par un immonde amas de pixels, alors que Fabelberg (Spielman ?) avait juré ses grands dieux qu'il ne tomberait pas dans ce travers.<br /> <br /> <br /> <br /> De toute façon, au-delà de ce cas d'espèce, marre, marre et plus que marre des séries ! On pourra gloser à l'infini sur leur efflorescence actuelle (et les cuistres spécialistes de ce discours ne manquent pas), je n'y vois plus qu'un refus panique de la mort (ne pas terminer, surtout ne pas terminer — cf. aussi le lien des séries de films de superhéros avec le transhumanisme) lié à la volonté obscène d'extirper jusqu'au dernier quart de dollar d'un récit initial. Voir aussi les groupes de rock qui n'en finissent pas de finir, avec des zombies quasi nonagénaires qui se tiennent sur scène tant bien que mal (parfois en playback, comme dans le cas de certains concerts des Stones !), ou encore les reprises déshonorantes de BD populaires (Astérix, Lucky Luke, Iznogoud, etc.). Cela ne fait qu'augmenter encore mon admiration pour les Beatles (1960-1970 et basta, malgré leur succès planétaire), Charlie Chaplin (après 1940, il ne revient plus au personnage de Charlot), Hergé (qui refusa expressément toute reprise du personnage de Tintin après sa mort) ou encore pour Bill Watterson : il commence 'Calvin et Hobbes' en 1985 et l'arrête définitivement en 1995, alors qu'il aurait pu en tirer de substantielles mannes d'argent jusqu'à sa mort (de même, il refusa toutes les propositions de produits dérivés à partir de ses personnages, qui l'auraient rendu multi-millionnaire). Grâce soit rendue à la fille de Franquin, qui est à l'opposé, de ce point de vue, de celle de Goscinny : cette dernière accepte toutes les propositions (venez à moi, Alexandre Astier, Laurent Gerra et consorts, et pressez-piétinez allègrement l'esprit de mon père tant qu'il y a des sous à en tirer) quand la première lutte contre la tentative effrénée des éditions Dupuis de perpétuer 'Gaston Lagaffe' par clonage informatique (malgré ses efforts, elle n'a pu empêcher la bien moins que dispensable adaptation cinématographique de la BD de son père par Pierre-François Martin-Laval).
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M
Comme attendu, flagrant délit de dithyrambe excessivement laudatif/teur sur le père Spielberg ! <br /> <br /> Ce dernier machin, je ne l'ai pas vu, et ne le verrai probablement pas, mais dans ce qui nous est martelé au pilon ici et là, dans ce qui en transparaît, rien qui ne me paraisse bien différent de l'original ! <br /> <br /> Lequel avait déjà le don, à l'époque, de m'horripiler, ainsi que tous les commentaires (toujours à l'époque) immanquablement laudateurs/tifs... <br /> <br /> Cessez de croire que tout ce qui est niais et ras des pâquerettes, est , forcément lié à Tintin et à l'enfance. <br /> <br /> Jeunesse et Innocence méritent mieux que Spielberg et Lucas Films, leur fausse naïveté, leur cynisme bien maquillé, leur ruses débiles, leurs émotions à l'enclume, etc etc etc. <br /> <br /> Je sais bien qu'il est difficile d'ouvrir des yeux lucides sur les plaisirs de ses 10 ans... Mais bon, y a quand même un jour où l'on comprend que les fraises Tagada et les boules Haribo, c'est grave dégueu! Non ? <br /> <br /> Incroyable de s'y laisser prendre - et inquiétant d'y croire- 40 piges plus tard !
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