La Femme qui ne voulait pas mourir (Segura magura : Shinitai onna) (1971) de Kôji Wakamatsu
Sachant que le titre anglais n'est autre que The Woman who wanted to die, il y a de quoi se demander si on se fouterait pas un peu de notre gueule... Oui, les deux titres se tiennent, certes, une fois qu'on a vu le film... mais, mais... - bref, brisons-là, sinon on va encore dire une connerie. Toujours un petit plaisir rafraichissant que de se taper l'un des 5487 films réalisés par Wakamatsu dans les années 70 (contre 4875 dans les années 60), un homme qui tournait résolument plus vite que son ombre sans trop se foutre de la gueule de son public... Il y a bien quelques petites scènes de cul en ouverture pour attirer le chaland, mais rien de cracra ni d'inutile ici puisqu'il s'agira bien d'amour (obsessionnel), de mort et de suicide, les trois mamelles du cinéma nippon (le film se plaçant d'ailleurs directement sous l'influence du hara-kiri récent et "spectaculaire" du gars Mishima). On essaiera de faire simple et court niveau intrigue : deux jeunes font l'amour, mais elle s'ennuie mortellement (une scène d'ouverture la montrant se faire violer sans réagir par une dizaine d'hommes nous annonçant la couleur). Oui, bon baiser c'est bien gentil, mais mourir ensemble, hein, ce ne serait pas plus exaltant ?... Ils hésitent, se quittent... On retrouve notre jeune femme nouvellement mariée à un type plus âgé qu'elle dans une station d'hiver. Ok. On retrouve notre gazier désespéré, dans la même station d'hiver, à la recherche de son aimée... Il finit par attirer l'attention de la gérante de la pension, une femme plus âgée que lui qui, devant son mal-être, va raconter sa propre histoire, ses propres désillusions... Elle aussi elle aima, elle aussi voulut se tuer avec son mec ; seulement voilà après que l'homme l'eut tailladée (elle a en effet une belle cicatrice qui part de l'épaule) il n'osa aller plus loin (la lâcheté des hommes, fi !)... Ah... Le hasard (!) voudra qu'un jour, les deux couples se croiseront sur un pont et là, gasp, le jeune homme reconnaît son aimée, sa compagne (âgée) reconnaît son amour passé...
On se regarde, on se retrouvera, et on se posera dorénavant les multiples questions suivantes : qui restera avec qui, qui s'aimera, qui se tuera, qui se tuera parce qu'ils s'aiment trop, qui s'aimera sans se tuer (parce que ça fait mal quand même). C'est une situation, ce sont des situations, pour le moins délicate(s) permettant à chacun de se poser des questions sur le sens (ou pas) de leur vie, sur le sens (ou pas) de leur amour. On s'aime ici, violemment, comme on fait la guerre, et on semble toujours prêts à vouloir se sacrifier l'un l'autre comme sur un champ de bataille... Une nouvelle œuvre frappée par le désespoir (la mort plus définitif que l'amour, c'est un fait) ou une nouvelle œuvre frappée par un espoir nouveau (l'amour, hein, à vivre, c'est peut-être pas si mal ?), c'est dans ces contrées (enneigées) de réflexion que nous convie l'ami Wakamatsu qui mêlent, comme trois flocons, ces trois thématiques incontournables énoncés plus haut. Une caméra qui filme le sexe à l'os, des cadres en intérieur ou extérieur toujours soignés et un récit mené tambour battant débouchant sur une conclusion teintée d'une ironie douce. Toujours fan du Waka.



