LIVRE : L'Orage de Clara Arnaud - 2015
Après nous avoir convié à un voyage en terre chinoise, Clara Arnaud signe un premier roman inspiré de son expérience en terre africaine et plus particulièrement à Kinshasa au Congo. Elle prend le parti de suivre plusieurs personnages (un jeune gars européen, ancien idéaliste en ONG, devenu bon petit soldat au service de l'ambassade - la trajectoire malheureusement par trop classique de toute une génération... ; une vieille dame autochtone en fin de vie qui a été recueillie par une congrégation religieuse ; quatre gamins des rues qui vivent de petits larcins ; un Chinois investisseur qui, une fois n'est pas coutume, a tenté de s'intégrer dans le pays en se liant notamment avec une jeune Congolaise...) le temps de quelques journées fatidiques : un "Davos" de l'Afrique est organisé à Kinshasa ce qui va avoir des conséquences pour le moins dramatiques sur l'ensemble des acteurs. Tout d'abord, premier élément déclencheur et qui va avoir l'effet d'un coup de tonnerre sur la population, un jeune gamin des rues est tué par des militaires qui voulaient "nettoyer" les quartiers aux alentours de l'événement à visée internationale : un assassinat qui va vite être relayé au sein de la population qui, dès le lendemain, se soulèvera... Après l'orage dans les cieux, l'orage sur terre... Cela aura diverses conséquences, forcément : cela ramènera quelque peu les pieds sur terre à notre jeune expat qui s'était un peu perdu en route, cela déclenchera chez notre vieille dame divers souvenirs plus ou moins gais de sa vie dont elle sent venir inexorablement la fin, cela permettra à nos quatre jeunes gars de commettre diverses exactions à leur risque et péril ou encore à notre Chinois de faire le point sur le véritable sens de sa venue au Congo (un Chinois qui ferait passer l'amour avant le reste ? Ben pourquoi pas ?)... On sent indéniablement la connaissance du terrain, des terrains mêmes (celui feutré des ambassades craintives ou plus animés et vivants (...) des bas quartiers), on reconnaît une prédilection évidente pour les descriptions, ce besoin d'ancrer solidement son récit dans une atmosphère, un territoire, on sent un certain sens de l'empathie pour essayer de comprendre les motivations plus ou moins louables de tout un chacun et cela est fortement appréciable. Ensuite, bien qu'il y ait une indéniable maîtrise de la langue, l'écriture demeure souvent un peu sage, un peu trop factuelle et peine à donner véritablement un souffle romanesque à l'ensemble. Si les scènes, en parallèle, de cet orage dévastateur sur terre comme dans les airs ne manquent pas d'ambition, si les séquences sur les pillages des quatre gamins qui pètent les plombs ou sur ce pur sang échappé d'une écurie en flamme sont joliment narrées, il manque sans doute un petit peu de liant entre les différents épisodes pour totalement nous emporter... Mais ces réserves demeurent pour la forme puisqu'il s'agit là d'un premier roman : gageons que le souffle viendra avé le temps.