Une Famille formidable (Parenti serpenti) (1992) de Mario Monicelli
Derrière ce titre français définitivement niais, se cache une petite comédie italienne sur l'incontournable "réunion familiale de Noël" des plus réjouissantes. Réjouissante parce qu'au départ tout se passe pour le mieux dans le meilleur des mondes : les différents couples (+ un célibataire - cacherait-il bien son jeu ? eheh...) avec enfant unique (ou sans) débarquent chez pépé et mémé ; tout cela a lieu dans une certaine allégresse des plus attendues. Forcément chacun brille par ses petits défauts (la bavarde râleuse, la nouvelle adepte de yoga qui se la pète, le branleur invétéré, la sans enfant qui pleure à chaque fois qu'on traite directement du sujet, la gamine qui gère guère son léger surpoids...), chacun y va de ses petits potins, de ses apartés vachards mais tout le monde trouve plus ou moins sa place autour de la table familiale drivée par mémé alors que pépé a de moins en moins sa tête - c'est pas grave, on a pris l'habitude, on en rit... Les plats s'enchaînent, on passe des traditionnels spaghettis au thon à l'anguille (que pépé avait bêtement passé par la fenêtre suite à une légère méprise) préparée par le spécialiste du genre, on refait certains petits numéros visuels qui font rire l'assemblée, on se chamaille gentiment, l'ambiance est là quoi... jusqu'à, jusqu'à ce que mémé mette les pieds dans le plat : qui veut de nous en échange de la maison ? L'ambiance retombe illico : c'est parti pour une réunion de famille sans les vieux et le ton se fait beaucoup plus sérieux : ah nous, c'est impossible... L'ambiance se tend, les annonces surprises et les petites vacheries pleuvent. Ah Noël !!!
Si Monicelli fait preuve d'une mise en scène tourbillonnante, si les dialogues s'enchaînent à la mitraillette (ça saoulerait presque tant c'est... italianisant), si le rythme est élevé tout au long de cette première partie placée sous le sceau de la joie et de la fête, on se dit que... ben c'est presque la moindre des choses pour tout réalisateur italien qui se respecte. On ne rit pas à se taper sur les cuisses, mais on apprécie tous ces petits détails, les défauts comme les points forts, qui permettent de facilement caractériser tous les différents membres de la famille... Après l'annonce de la mater familias, le ton devient forcément plus acerbe, et on apprécie tout autant ce petit virage : la comédie demeure (les piques sont parfois salées, les annonces totalement inattendues) mais elle se fait indéniablement un peu plus saignante... jusqu'à tourner (et on s'y attendait moins) à un humour carrément noir - de la plus belle eau. Au final, on aura eu droit de ce côté des Alpes à un joli règlement de compte familial à peine amorti par la douceur des flocons de neige, à une comédie qui, à défaut d'être proprement hilarante, aura su trouver un second souffle où la dérision et de l'ironie pointent joliment le bout de leur nez. Rafraichissant en cette chaude saison : super Monic !