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14 avril 2023

Schramm de Jörg Buttgereit - 1994

Sans titre

Un premier coup d’œil d'essai dans l’œuvre de Buttgereit m'a convaincu de tenter à nouveau l'aventure, aussi éprouvante promette-t-elle d'être. Pas déçu du voyage, encore une fois, même si Schramm m'a paru moins sincère et accompli que Der Todesking. Fidèle à son esprit taquin, le bon cinéaste teuton nous invite cette fois à pénétrer les deux pieds devant dans le cerveau perturbé d'un psychopathe assassin. Lothar Schramm est un homme d'apparence normale, et fréquente amicalement sa prostituée de voisine. Mais derrière cette apparence d'homme banal se cache un esprit hautement dérangé, qui prend la forme sous la caméra de Buttgereit de flashs, de fantasmes, de stries de violence, de motifs gore ou vomitifs parfaitement répugnants. Réalité ou rêves, en tout cas notre brave homme n'a qu'obsessions en tête, obsessions d'auto-mutilation (une scène de clouage de bite assez éprouvante), de meurtres sanglants (ce sont deux témoins de Jéhovah qui en feront les frais), de nécrophilie (la drogue du sommeil aide bien notre brave garçon à exercer sa torve passion sur sa voisine), de mutilation (et hop, un œil arraché, ça coute rien), de mutations (un vagin cronenbergien fardé de dents) et autres joyeuses activités. Le tout dans une esthétique de téléfilm allemand des années 80, et gorgé d'effets spéciaux jusqu'au délire.

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Un côté, mais oui, Gaspard Noé dans cette tentative provocatrice et jusqu'au-boutiste de trash-attitude, et la comparaison n'est pas à l'avantage du garçon : c'est la limite du film, qui pointe un petit soupçon de crânerie adolescente avec ses effets de caméra incroyables et ses tournicotis de plans façon grand-8. On a par exemple un travelling... euh... appelons ça latéral-circulaire, qui englobe le héros faisant du sport dans une pièce, et lui-même encore une fois dans une autre pièce ; ou une série de très gros plans gerbatoires lors des meurtres destinés à les rendre encore plus laids. Quand la caméra de Buttgereit se calme, quand il laisse tomber ses roulades d'épaules, le cinéma est bien là, notamment dans ces belles scènes presque classiques où sa voisine est emmenée dans une mystérieuse maison bourgeoise et que Schramm l'attend dehors dans sa voiture : il n'en faut pas plus pour déclencher le fantasme, et on se rend compte ainsi que ces scènes-là sont beaucoup plus hypnotiques que celles, frontales et un peu "punk pour les nuls", de sévices corporels ou de torture. De même pour ces scènes à la fois dégueu et fascinantes où Schramm se tape un buste de femme gonflable en écoutant les cris de jouissance de sa voisine : répulsion/attirance, le juste équilibre est trouvé. La tentative de nous montrer ce qui se passe dans le cerveau fêlé de ce meurtrier est intéressante, mais on se dit que d'une part : Buttgereit n'a peut-être pas la légitimité pour nous le montrer, et se pose alors la question du "d'où on parle" ; et que d'autre part : sa façon de le montrer est un peu trop immature, et qu'on préférerait à tout prendre qu'il nous ponde un film d'horreur plutôt que de se la péter "grand opéra sanglant". Ceci dit, le film a beaucoup de qualités qui annulent ces réserves : des images indéniablement traumatiques, des idées bien barrées (cette peinture blanche pour recouvrir les murs tachés de sang), un montage intéressant (brouillage des pistes chronologiques), et une esthétique radicale que le bougre tient jusqu'au bout. Le cinéaste se place en-dehors des circuits habituels, et s'il le fait avec un peu trop de morgue pour être honnête, il faut tout de même lui reconnaître ce courage-là.

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Commentaires
O
Ça me rappelle le métrage Schizophrenia de Gérald Kargl ou Henry, portrait d’un serial killeur dans l’approche. Où peut-on se procurer ce film ?
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