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8 avril 2023

Road to Nowhere de Monte Hellman - 2011

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S'il y a un cinéaste qui n'a pas eu la carrière qu'il méritait, c'est bien Monte Hellman, un vrai génie qui a dû se contenter de trucs pourris toute sa vie. Mais, au milieu de ses désastres, on peut trouver des traces de son talent étouffé. C'est le cas dans son dernier film, Road to Nowhere, bizarre machin labyrinthique qui évoque souvent Mulholland Drive, en plus brut, moins élégant, moins esthétisant, plus de gauche finalement. On sait la capacité de Hellman à se renouveler à chaque film, à réinventer complètement sa façon de faire son taf ; à l'hiver de sa vie, il propose une nouvelle forme, et se montre d'une jeunesse folle, avec tout ce que la jeunesse peut produire de brûlant, de sincère, d'urgent... mais aussi de maladroit parfois.

Road-Nowhere-Hellman_0

Film sur un film, mais aussi film sur un film sur un film, mais encore film sur un film sur un film sur un film, ce film accumule les mises en abyme jusqu'au vertige pour mieux nous perdre complètement au final dans les strates de réel, jusqu'à brouiller complètement les pistes quand il devient film sur un film sur un film sur un film sur un film. En gros, c'est l'histoire d'un cinéaste qui devient obsédé par son actrice principale, une inconnue engagée pour interpréter le rôle d'une activiste mystérieusement disparue au cours d'une des ses mission. Ça, c'est la base. Mais assez vite, on ne sait plus trop sur quel pied danser quand on se rend comte que la comédienne est peut-être l’activiste elle-même, qui ne serait pas morte, à moins qu'elle ne soit une actrice aux activités doubles elle-même activiste et traquée. Puis, quand le personnage d'une des strates se met à dialoguer avec un personnage d'une autre, on renonce à suivre : on se rend bien compte qu'on a affaire à un film labyrinthe, qu'il va falloir ranger notre logique et s'adonner pleinement à la contemplation délicieuse d'un rêve, d'une théorie mise en images, d'un concept. Mais Hellman n'est pas du genre à se laisser aller à l'intellectualisme vain : sanguin, mouvementé, sexué, charnel, fiévreux, tourné vers les corps plus que vers le cortex, Road to Nowhere s'adresse avant tout à vos viscères, à vos émotions, à vos sensations. Et de ce côté-là, on est comblé : le film est d'un magnifique classicisme quand il s'agit de filmer par exemple une femme seule qui fume, ou le visage buriné d'un acteur, ou une confrontation entre deux rivaux ; mais c'est un classicisme à la Soderbergh, ou à la Lynch donc, tendant à mythifier chaque accessoire, chaque acteur, chaque geste. Sous cette apparence très iconique, le film est d'une tonique modernité dans son écriture et dans sa façon de traiter image et acteur.

Road Nowhere Hellman_2

Tourné en caméra vidéo légère, porté par des acteurs inconnus (et inégaux, il faut le reconnaitre), il frappe surtout par la beauté de ce chaos organisé. Qui sont tous ces cadavres parsemés dans le film ? qui tue qui et pourquoi ? Velma, le personnage de base de tout ça, est-elle morte, vivante, réincarnée chez une autre, a-t-elle jamais existé ? tout ceci n'est-il que le résultat de l'obsession d'un cinéaste pour sa créature, de la folie destructrice d'une femme, ou bêtement d'une fraude aux assurances ? Les scènes mystérieuses, ne semblant être là que pour la beauté de leur mise en scène (et oui, celle-ci est très belle), s'accumulent, nous plongeant dans un filet formel très prenant. Bourré jusqu'au bord d'amour totale pour le cinéma, il ajoute couche sur couche de fiction, citant même quelques maîtres (Bergman, Erice, Sturges), mais termine sur le plus intime des autoportraits : au détour d'un plan, on aperçoit Hellman lui-même en train de scruter tout ça, avec la même expression presque métaphysique qu'ont ses acteurs pour se regarder eux-mêmes sur les écrans. Manière de dire que cet écheveau n'est en fait que l'illustration de la psyché du réalisateur. Remarquable film, en tout cas.

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