Godzilla 1980 (Gojira tai Megaro) (1973) de Jun Fukuda
A force d'abuser de la franchise, les idées forcément s'épuisent... Rien de bien nouveau dans cet opus assez merdique ; on commençait pourtant sur du lourd : une bombe atomique explose, les monstres réunis sur leur île isolée en font les frais (une attaque en masse, par vengeance, comme au bon vieux temps ?)... mais c'est finalement des fondus engloutis qui vont passer à l'action... Ils pourraient jouer les redresseurs de tort, montrer aux Terriens (au sens de ceux qui habitent SUR Terre) leurs erreurs, mais ces types sont dès le départ présentés comme des guignols : un non Jap en leader de la secte (c'est jamais bon signe, c'est forcément un vilain), des adeptes aux allures de fans de Nana Mouskouri (no offense, mais tout est dit quand même : quand on s'habille comme un cierge, même si le voile est transparent, on a l'air d'un con) et surtout une réaction immédiatement ultra belliqueuse envers nous : ils ont eu la paix pendant des siècles, la bombe a détruit une partie de leur royaume, certes, mais ils se conduisent comme des sapajous en dépêchant sur le globe un monstre-cafard et cet enfoiré de Gigan : la loi du talion, destructeur contre destructeur, ils finiraient presque par faire passer les Terriens pour des petits joueurs... Une morale générale, en gros, dans les chaussettes... Pour contrer ces deux monstres (le cafard, Megalon, saute comme un kangourou et a vite l'air Megacon), on a droit cette fois-ci à une sorte de Bioman qui s'allie avec Godzilla (ah oui, on l'avait presque oublié... Il n'intervient que dans le dernier quart d'heure, en sauveur, dorénavant : ce statut lui est acquis)... Godzilla puncheur, puis Godzilla catcheur, les combats tournent franchement au grand n'importe quoi : les créateurs ne savent apparemment plus trop quoi inventer, prenant de plus en plus plaisir à donner aux monstres des attitudes humaines : ils brandissent le poing (ou leur bras en forme de foreuse eheh) comme un sportif qui se la pète sur le ring ou se déhanchant comme une pom-pom girl à chaque coup gagnant. Les attaques les deux pieds en avant de Godzilla atteignent le comble du ridicule - mais nous font au moins nous esclaffer...
Sinon, c'est portion congrue niveau scénar : deux jeunes adultes et un gamin se font kidnapper au départ par nos sbires qui descendent en droite lignée des habitant de l'île de Pâques (Gosh !) : ils leur confisquent le Bioman, créé par l'un des adultes, pour emmener leur cafard à la victoire... Bioman, heureusement, prendra vite son indépendance, communiquant en langue des signes pour les nuls avec Godzilla, nos deux compères alliés mettant leur race, après un âpre combat, aux deux monstres... On se contentera, niveau maquette réalisée à grande échelle, d'un très joli barrage détruit par Megacon ; c'est sinon, encore et toujours, des tirs de tanks et d'avion contre Megacon pendant des plombes, cela n'a guère évolué depuis le premier opus. Godzilla 1980 ? aussi décevant que le retour de la gauche.