Douce nuit, sanglante nuit (Silent Night, Deadly Night) de Charles E. Sellier Jr. - 1984
Les années 80 n'ont pas produit que des chefs-d’œuvre en termes de films d'horreur, et quand on tombe sur un navet comme Douce nuit, sanglante nuit, on se rend compte du talent des quelques génies qui ont œuvré dans cette décennie (les Raimi, Craven et autres Carpenter). A vrai dire, le film est tellement raté et ridicule qu'on en vient presque à l'apprécier, si on éprouve cette perversion du nanar. Voilà donc le scénario le plus improbable qui soit censé nous filer les miquettes : une nuit de Noël, un psychopathe déguisé en Père Noël assassine sauvagement les parents du petit Billy sous ses yeux. Il en développe une véritable terreur du bonhomme en rouge, et devenu jeune homme, cette hantise grandit encore. Engagé dans un magasin de jouets et contraint d'endosser lui-même le costume et la barbe fatals, Billy se transforme en tueur fou, bien décidé à planter sa hache (qu'il a aiguisée) dans les dos et les crânes de ses contemporains. Un peu comme le clown tueur de Stephen King, le film cherche à nous inquiéter avec le personnage le plus apaisant du monde, et c'est une bonne idée. Mais handicapé par ce scénario ridicule et par une mise en scène consternante, il ne parvient qu'à nous faire doucement rigoler et soupirer de dépit. Paresseusement écrit, il patine en tout cas méchamment à mi-chemin, quand notre Billy se trouve enfermé à l'orphelinat : la description de sa paternatalophobie (c'est le terme) se fait avec une lenteur insane. Ensuite quand enfin il se décide à péter un câble, on ouvre un peu plus les mirettes, retrouvant sporadiquement quelque chose de la crasse des films de ces années-là, de leur côté punkoïde. Sans s'embarrasser de mise en scène, Sellier filme notre ami user de sa hache sur l'ensemble de la distribution, pantins sans finesse ne servant qu'au défoulement du Père Noël. Psychologie zéro, trame zéro, personnages zéro, invention de mise en scène zéro : ça pourrait être réjouissant par ce côté nihiliste justement, ça pourrait constituer une honnête catharsis sans complexe. Ça pourrait, mais non : des acteurs dans les choux, des caricatures de situation, une absence totale de second degré, empêchent la chose de devenir intéressante. Un bon gros nanar sanglant, bon...