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18 janvier 2023

Nostalgia de Mario Martone - 2023

martone-nostalgia17950

Un joli film que ce Nostalgia. Il parvient à déjouer les attentes qu'on a forcément quand on entame un film sur Naples : non, il ne sera pas un énième film de mafia avec règlements de compte et guerre de territoires. Même si la Camorra est omniprésente dans le film (comment l'occulter quand on se pique de faire un film sur cette ville ?), elle reste une sorte d'arrière-plan, de menace sourde, de couleur presque pour parler des sentiments intimes d'un homme déraciné. Felice est en effet un homme vieillissant qui revient à Naples après des années et des années d'exil en Egypte. Qu'a-t-il fui, et que revient-il chercher ? On le découvrira au cours de ce film noir sans éclat de violence, consacré entièrement à la nostalgie de ce gars qui se re-découvre napolitain dans l'âme. Beau film sur le déracinement, Nostalgia nous montre en effet un homme qui, au contact de la ville de son enfance, se reconnait à nouveau dans sa terre, même si elle a changé, même s'il ne la reconnaît plus vraiment. Felice erre dans les rues de Naples, filmée comme une ville-piège  à la fois magnifique (ces couleurs dorées) et dangereuse (ces jeunes à moto qui flinguent sans frémir : à chaque bruit de moteur on tremble). Martone aime énormément sa ville, c'est clair, et il occulte complètement les ciels pour ne filmer que les murs, le concret, les trottoirs, la lumière du soleil, la vie bruissante. Il pointe aussi ses horreurs, montrant sans en faire trop l'éternité de la violence ; mais il filme aussi l'espoir que peut représenter un courageux curé qui lutte contre la mafia, ou le vieillissement des mafieux, tout aussi tourmentés et nostalgiques que les autres.

nostalgia

La mélancolie du personnage principal imprègne littéralement le décor et la mise en scène de Martone. Le film est lent, contemplatif, très doux, triste même quand il aborde les rapports entre Felice et sa mère, ou entre lui et son copain d'enfance qui a choisi la voie de la délinquance et du crime. Toujours au centre, Felice poursuit son but, de plus en plus hanté par cette idée qu'il ne bougera plus d'ici, qu'il a retrouvé ses racines. C'est Pierfrancesco Favino qui joue le gars, et il fait beaucoup pour la tristesse du film, qui se transforme peu à peu en tragédie grecque sans esclandre. Tout se déroule façon spirale, on comprend bien que la ville elle-même refuse d'intégrer ce corps étranger, cet intrus qui n'est plus du même sang qu'elle, et l'entêtement de Felice, on le sait très bien, va lui coûter cher ; mais tout est calme, inéluctable, comme si Visconti avait ingurgité les clairs-obscurs de Clint Eastwood. Même si on n'est pas à l'abri de s'ennuyer devant un script un peu répétitif, à la construction manquant d'idées, on ne peut que s'incliner devant cette réalisation très léchée et cette belle sensibilité de la ville, devant ce jeu d'acteur raffiné et cette petite musique qui ressemble à un style. Rien de bouleversant, non, mais une manière de faire très bluesy, et au final un film qui reste en tête.

ggggg

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