Apollo 10 1/2: Les Fusées de mon Enfance (Apollo 10 1/2: A Space Age Adventure) (2022) de Richard Linklater
Jamais été un grand fan de Linklater mais je m’accroche, surpris de voir que ce dernier opus faisait partie de quelques top 10 (on rouvre le débat ?) de cette fin d’année. Il est question ici pour faire simple d’un gamin américain (on est dans la proche banlieue de Houston) qui n’a de cesse, forcément, de se projeter dans les étoiles et de s’imaginer dans une fameuse capsule Apollo qui finira par alunir. Derrière cette gentille petite métaphore (filée, comme les étoiles ahah) se cache bien sûr cette éternelle petite nostalgie du rêve américain alors encore possible, d’être les premiers, d’aller toujours plus haut, etc… Mais le film de Linklater, heureusement, n’est pas que cela : dans toute la première partie, il retrace cette vie culturelle (d’une bande musicale musclée aux jeux de société de l’époque en passant par quelques clins d’œil cinématographiques et surtout télévisuels) de la fin des années 60 et de ces débuts des années 70. On sent le réalisateur faisant remonter à la surface tous les souvenirs de ce temps-là… Il en profite, dans la foulée, entre deux projections mentales du gamin dans sa capsule (spatio-temporelle ?) pour revenir sur ces années « bénies » (ne serait-ce ces adultes qui frappaient à la volée les gamins pour parfaire leur éducation, certes – il y ait aussi tout de même question de la guerre au Vietnam, de la guerre froide, sujets rapidement expédiés, et de la pollution, comiquement traitée) où tous les gamins se retrouvaient dans la rue ou sur un terrain vague pour pratiquer un sport (base-ball, forcément mais pas que) ou faire des jeux à la con ; ah il est loin ce temps où il n’y avait pas toutes les interdictions (on pouvait alors mettre six gamins à l’arrière d’un pick-up et rouler à fond sur l’autoroute ohoh) et où nos jeunes pouvaient s’amuser quelque peu dangereusement à loisir.
On sent que Linklater a véritablement envie de rendre compte de cette capsule adolescente d’une façon globalement positive : moui, c’est son droit même si ce genre de discours du « c’était mieux avant » finit toujours par avoir un petit air un peu doucereux pour ne pas dire rance – les années 60, une période plus libertaire qu’aujourd’hui ? Ce n’est sans doute pas totalement faux non plus après ces années Covid mais bon... Au final, une œuvre – animée - gentillette toute à la gloire de ces souvenirs familiaux sympathiques (le père bonhomme, la mère grillant clope sur clope, les cinq frères et sœurs gentiment moqueurs et chambreurs…) et de cette épopée étoilée qui rendit si fier les US et ce gamin rêveur. 10 ½, pas plus, en effet, for me.