Au Père Lachaise (1986) de Jean-Daniel Pollet & Pierre-Marie Goulet
Petite visite un brin flippante entre les murs et dans les allées du Père Lachaise ; j'avoue une certaine attirance pour les cimetières parisiens où je me rends pratiquement chaque année pour bien vérifier que rien ne bouge (et puis c'est gratuit, c'est pas rien pour un Auvergnat dans l'âme). C'est dans ce "musée en plein air" entre tous que nous emmènent Pollet et Goulet filmant avec une caméra mouvante, filant littéralement entre les tombes, ces pierres éternelles qui nous renvoient à notre gentille petite vacuité. Pierres éternelles, d'ailleurs, même pas, vu qu'ils nous font pénétrer dans une partie du cimetière où mêmes les tombes tombent en ruines comme une sorte d'avenir phonologique inéluctable... Si on ne peut même plus être enterré tranquille, il nous reste quoi putain ? Les auteurs citent Balzac qui avait déjà écrit quelques lignes sur cet endroit où la comédie humaine fait beaucoup moins la maline ; ils s'attardent sur cet endroit (un ossuaire dit-on, non ?) où aboutissent les os des concessions arrivées à terme ou encore sur ce mur où furent tués les insurgés de 1871 qui ne s'insurgent depuis plus guère. Une petite musique angoissante, des sculptures féminines parfois délicieuses ou masculines un brin arrogantes, et une voix off un peu plombante pour nous accompagner dans une balade "d'entre-tombes" qui nous ramène moralement plus bas que terre, asticotant un peu au passage toute sorte de foi - si on osait. Pollet et Goulet serrés. Tendrement mortuaire.