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18 novembre 2022

Baxter, Vera Baxter (1977) de Marguerite Duras

vlcsnap-2022-11-18-17h42m16s420

On fait résolument dans la poilade cette semaine sur Shangols avec, attention les yeux, une œuvre de Duras : Bond, James Bond, ah oui non, au temps pour moi, Baxter, Vera Baxter. Pourrait-on faire un parallèle entre les deux ? J'ai envie de dire non, tant le personnage de Fleming incarne à lui seul tous les récits d'aventures et tant le personnage de Duras incarne à elle seule toute la chienlit du monde. Vera se retrouve dans une immense baraque de Thionville (putain, Thionville !) qu'elle s’apprête à louer... ou dans laquelle elle s’apprête à se suicider... Disons tout de go qu'on aimerait autant qu'elle choisisse la seconde option et cela au plus vite - je m'explique : dès le début du film, on entend une petite musique légère (fuck fuck fuck, de la flute de pan !) qui semble sortir tout droit d'un disque de Vladimir Cosma, diable ; on en rit au départ, sauf que la chose s'installe et durera TOUT DU LONG ! Cela te vrille les tympans et te fait demander grâce... Serait-ce, tentons une interprétation musico-vitale, une façon de souligner que la vie de Vera ne tient plus qu'à ce petit fil musical ? N'empêche, c'est grave abusé de nous faire autant subir la chose... Mais revenons à notre héroïne : le regard vide, les seins mornes, la pauvre ne va avoir de cesse de réfléchir, de penser à sa petite vie bourgeoise de merdouille : un mari, riche, joueur invétéré, maladivement infidèle, avilissant (il l'exploite à l'envi) l'entretient grassement : voilà donc 18 ans, qu'elle vit aux crochets de ce boucher sentimental... Cela on le comprendra au cours des 13 heures ressenties du film lorsqu'elle évoquera sa vie, d'abord avec une amante de son mari (youpi) puis avec une inconnue (Delphine Seyrig et sa voix d'outre-tombe) qui lui renverra une image d'elle (oui, ce pourrait être un simple faire-valoir pour qu'elle s'entretienne avec elle-même) définitivement peu reluisante. Vera reconnaît tous les torts de son mari, reconnaît également sa dépendance envers lui, mais voilà, hein, il a au moins l'honnêteté de ne pas cacher ses vices (et ça c'est plutôt cool, non ?) et la bougresse d'avouer qu'elle ne peut s'empêcher de l'aimer - comme une sorte de fatalité des fonds des temps : on pleure pour elle... On maudit cette musique de pacotille, on maudit ces vides de trente secondes entre chaque réplique, on maudit le décorateur qui a laissé une maison vide (métaphore intérieure), on maudit Duras pour cette tristesse absolue qui ferait crier de rage un papier-peint d'époque. On comprend, hein, en creux, le creux terrible de la vie de cette femme, on veut bien voir là quelque chose d'édifiant en soi, dans son genre, mais fi de ce cinéma arrêté à des allures de baby-foot (je me comprends). Je me suis fait un Duras (merci la prochaine livrée de Criterion...), je pense que c'est sûrement le dernier (sauf incident), je pense à Desproges, il me tarde de le rejoindre pour en rire avec lui.

vlcsnap-2022-11-18-17h42m56s000

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