La Naissance d'un Empire (Tide of Empire) (1929) de Allan Dwan
Dès sa période muette (Dwan étant un vieux briscard qui a débuté en 1911 - 408 oeuvres au compteur, c'est pas rien), l'ami Allan impressionne par son sens de l'aventure, de l'action, de la romance et par sa caméra virevoltante et son montage survitaminé. Il est ici question des derniers temps d'un rancho espagnol, tenu par l'un de ces migrants précurseurs, vivant paisiblement avec des serviteurs en grande partie indiens. Don Jose a deux enfants, la belle Renée Adorée qui ne demande qu'à l'être et le fougueux William Collier Jr qui ne demande qu'à s'en débarrasser. Ils taquinent le père, se taquinent eux-mêmes, bref tout cela est un peu trop idyllique pour durer... Les envahisseurs ne vont en effet pas tarder à venir perturber ce paisible état de Californie avec la découverte de l'or... Le beau gosse Dermod D'Arcy est l'un d'eux et il n'a évidemment que d'yeux pour la Renée ; à l'occasion d'une course de chevaux, il remporte le Rancho de sa promise mais, aventureux et galant comme tout, il le lui laisse... Il préfère faire fortune par ses propres moyens en écumant les rivières... Succès il aura alors que la pauvre Renée perd son père (Mort subite, un excès de bière sans doute) et son frère pris en otage par une sombre bande de bandits de grand-chemin... Mais aucun doute sur le fait que le destin de Dermod et de la Renée se recroise.
A l'image du titre, le gars Dwan fait dans le récit historique qui brasse de grands mouvements : les premiers colons spanish, l'arrivée en masse d'Européens attirés par la fièvre de l'or, la construction subite de villes éphémères ou éternelles. Dwan semble ne pas manquer de figurants (et d'images d'archive) pour donner du souffle à cette œuvre menée tambour battant. Mais c'est forcément dans les moments les plus intimes que la patte du Dwan fait mouche : des baisers volés entre un frère et une sœur complices, des taquineries envers le pater, des distributions de verroteries aux gueux... La venue de Dermod va forcément briser l'équilibre de ce Rancho... Il enjambe les balcons comme moi les clôtures électriques et la pauvre Renée a beau tenter de résister, a beau lui en vouloir pour être en partie responsable de l'explosion de sa famille, elle ne peut que se faire emporter par cet éternel optimiste auquel rien ne semble pouvoir résister. Dwan dope ses dernières bobines (incendie, coups de feu à travers la ville, foule en colère pour pendre du vilain haut et court, petits effets spéciaux en transparence avec ce magnifique saut de ravin...) mais laisse toujours une petite place à ce fameux petit romantisme de circonstance : Dermod est résolument prêt à tout pour se gagner les faveurs de la Renée et prend tous les risques... C'est joliment enlevé, foisonnant au niveau de la "big picture d'ensemble", tout croquignolet au niveau de l'amourette contrariée. Mission accomplie pour un Dwan qui n'est résolument par un dwarf au niveau du maniement de sa caméra.
Go old west, here