LIVRE : Sel (Natrium Chlorid) de Jussi Adler-Olsen - 2021
Découverte d'un mastodonte de l'édition polardeuse, un de ceux dont la moindre ligne fait l'objet d'un culte, dont le moindre bouquin est en tête de gondole dans tous les Leclerc de France et de Navarre : Jussi Adler-Olsen, auteur danois, inventeur d'une section de police, le "Département V", chargé de déterrer les "cold case" et de résoudre les enquêtes les plus ardues. Je prends la vie de cette brigade au 9ème tome, et suis donc un peu largué au niveau des sous-trames qui ont l'air de bien handicaper le héros de ce livre, Carl Mørck, mais tant pis : le fil conducteur de cette enquête reste assez captivant pour qu'on passe sur les détails secondaires. Nos amis découvrent donc un mystérieux lien entre deux crimes éloignés dans le temps et a priori tout à fait différents : un petit tas de sel laissé dans un coin, au pied des cadavres. Il n'en faut pas plus pour déclencher un plan d'urgence au sein de l'équipe, qui, à force de recoupements, de recherches laborieuses et de découvertes, met à jour les agissements d'un véritable serial-killer, organisé et froid, agissant à dates fixes et dans un but funeste que je vous laisse découvrir. Comme Adler-Olsen nos permet, en parallèle, de suivre les agissements du meurtrier et le triste sort de sa prochaine victime, comme on a assez vite la date prévue pour l’exécution d'icelle, comme plusieurs affaires viennent parasiter l'enquête de nos amis malgré le compte à rebours, autant vous dire que le suspense grandit au rythme de l'engloutissement des pages (il y en a 551) de ce thriller efficace, qui remplit gentiment son cahier des charges. Mørck et ses acolytes arriveront-t-il à temps pour sauver le pauvre otage ? C'est cousu de fil blanc, mais on fait mine quand même de frémir devant le machiavélisme du méchant en rajustant le parasol. But atteint.
Au niveau de l'écriture, on dirait un travail du bon élève de 5ème, qui a bien respecté les marges et la grammaire et qui a mis son nom en haut à gauche comme la maîtresse l'a demandé. Sujet-verbe-complément, c'est très bien Jussi, 10/10. Franchement c'est à ce niveau-là du point de vue du style, qui semble être un mot jamais entendu par notre ami. Comme 99% de ses camarades du polar, le gars ne semble pas concevoir qu'on peut dépasser ce stade quand on se pique d'écrire un thriller ; c'est dommage, il y aurait moyen de trouver une certaine originalité par rapport à tous ses confrères. C'est d'ailleurs marrant : au détour d'un paragraphe, à trois ou quatre reprises dans le livre, Adler-Osen a l'air de se réveiller et trousse une phrase plus personnelle, mieux tourné, voire, incroyable, assez stylée (et qui laisse entrevoir un type qui, s'il s'en donnait la peine, pourrait écrire correctement). Mais il retombe très vite dans le descriptif laborieux, ok. C'est vrai que la trame est suffisante pour nous donner notre petit bonheur sans façon : c'est strictement la même que tous les polars depuis 1950, mais ma foi on marche encore, et on suit sans ennui cette enquête tendue et pleine de rebondissements. Puis on referme le livre et on oublie. Jusqu'au prochain qu'on lira. Un auteur pas déplaisant parmi tant d'autres.