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21 juin 2022

La Caravane vers l'Ouest (The Covered Wagon) (1923) de James Cruze

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Le moins qu'on puisse dire, de l'ami Cruze, c'est qu'il ne fait pas dans la demi-mesure : combien y avait-il de charrettes à l'origine dans cette traversée de l'ouest ricain au milieu du XIXème, dans ce trip qui devait mener nos pionniers vers les terres de l'Oregon ? Deux mille ? Bon ben on va faire un film avec deux mille charrettes, dix mille figurants et tout ce qui reste dans les placards en chevaux, boeufs et bisons. Et c'est vrai que ce convoi, que dis-je, ces deux convois (l'un mené par un "agriculteur", Wingate, l'autre par un ancien militaire, Bannion) ont fière allure lorsqu'ils se mettent en branle : c'est parti à travers ce paysage peu avenant, c'est parti pour plusieurs semaines de traversée avec tous les aléas du voyage... De la traversée de rivières, des attaques indiennes, de la chasse aux bisons, des engueulades, des fêtes improvisées à la lueur des mornes feux de joie, des morts, des naissances, des doutes et puis... au bout du chemin ? De l'herbe, de la neige, de l'or, la mort ? Attendez, on y est pas encore et le moins qu'on puisse dire c'est qu'on va vivre avec les différents quidam, physiquement, les différentes mésaventures rencontrées en route. A cette épopée haute en couleur et bruyante (un bon film muet en noir et blanc fait parfaitement l'affaire pour en rendre toutes les nuances), Cruze a la bonne idée d'ajouter une histoire plus intime : la fille de Wingate (la petite Molly avec ses faux airs d'Isabella Rossellini), fiancée à un bourrin, va rapidement faire les yeux doux à ce Bannion au teint en cire mais jamais le dernier pour faire preuve de bravoure... Une compète pour une donzelle qui ne peut finir qu'en pugilat, on connaît la chanson. Une traversée, vous l'aurez compris, forcément tumultueuse et pleine de rebondissements.

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Donc oui, on n'est pas lésé par rapport à ce qu'on était en droit d'attendre d'un tel titre. Cette caravane extravagante qui rendrait tout gitan en route pour Saintes-Maries-de-la-Mer jaloux (non, je ne tombe pas dans les clichés, pas le genre) est diablement crédible : qu'il s'agisse de ces bœufs qu'il faut fouetter pour que, le front bas, ils fassent leur boulot et ou de cette traversée de fleuve - qui s'annonce coton, une prévision vite confirmée (ils ont dû perdre de la bête au tournage tant les courants semblent piégeux...) -, on sent qu'on est dans le dur, dans le réalisme, dans la chierie pure ; de même l'attaque des Indiens dans cette vallée immense donne des plans d'ensemble de la plus belle eau et on se dit que pionnier, fusil, ce n'était pas un truc de tout repos : faut abandonner le bureau familial en noyer avant la traversée de la rivière, enterrer la grand-mère qui a perdu ses repères, éviter les flèches de ces sauvages à plumes - une cheyenne de vie, oui. Quand ils arrivent au bout, s'ils y arrivent, nos pionniers fourbus et barbus auront en effet de quoi être fiers... Voilà pour le côté grande aventure humaine... C'est forcément moins beau et propre quand on s'intéresse de près aux personnages comme simples individus. La chtite Molly avec ses yeux de fèves au chocolat ne va pas forcément révéler le meilleur du mâle... Si tu veux la femme, pensent-ils, il faut se montrer encore plus con et barbare que l'autre prétendant ; je te tire dessus en traître, je te fais des petites réflexions bien basses, je raconte sur ton compte des rumeurs bien sordides, je te frappe de mes poings de forgeron, je vais t'énucléer (belle anagramme) pour te faire passer l'envie de regarder ma promise... Comme si la poussière, ce putain de vent, les indiens suspicieux et rageurs, ne suffisaient pas, il faut que nos deux hommes se bastonnent pour garder en bouche le goût du sang. La chtite Molly, pas farouche au départ, va y réfléchir à deux fois avant de se marier avec l'un ou l'autre... De la romance et du road movie contrarié(e)s tranquillement mis en scène par un Cruze qui connaît semble-t-il déjà les recettes du grand spectacle ; alors c'est vrai qu'on ne "vibre" sans doute que peu, qu'on voit les trajectoires de chacun parfois un peu de loin (mentions spéciales tout de même à ce grand gaillard très goguenard qui veille sur Bannion et surtout pour ce Davy Crockett du pauvre (un trappeur tout déplumé) qui ne peut se souvenir d'une info importante que lorsqu'il a picolé - quand il est sobre, il oublie tout bordel ! - un frère), mais cette caravane, une centaine d'années après, garde tout de même son petit caractère. Ohe Cruze ohe !

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