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20 mai 2022

Mad Love in New York (Heaven Knows What) (2014) de Benny & Josh Safdie

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Opportune, cette découverte des oeuvres "anciennes" des Safdie, tant elle montre à l'oeuvre deux cinéastes qui n'ont pas la caméra dans leur poche, toujours à même de mettre de la vie dans un récit aussi glauque et tristoune qu'il soit. Cela devait être pour ma part quelque chose comme "la semaine de la drogue" puisqu'on assiste ici aux mésaventures de deux jeunes gens totalement accrocs (Arielle Holmes est Harley et elle est incroyable ; Caleb Landry Jones aperçu dans Twin Peaks est Ilya et il est remarquable)  qui tentent de survivre, en SDF avertis, dans les rues de New York. Ça démarre assez fort puisqu'on assiste en ouverture à leur séparation et au tranchage des veines (moi qui adore la vue du sang, je fus gâté...), en pleine rue, d'une Harley qui veut prouver son amour à Ilya - qui l'aide puis se barre... Elle s'acoquinera, après un petit stage en hôpital, avec un certain Mike, un vendeur de drogue tout aussi foutraque que l'Ilya. Au programme ? Picole avec les "potes" de la rue, défonce, plan pour squatter, défonce, baston, défonce, vol à l'étalage, revente, baston... Ce n'est pas le programme le plus éblouissant ni le plus passionnant et pourtant, une nouvelle fois, on se retrouve accroché à la chose en immersion complète dans ce monde de la rue, avec des types à la tronche de travioles, des gazelles qui hurlent et parlent comme des charretiers, des lendemains qui suintent l'alcool et la picole par tous les pores...

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C'est un monde rugueux, hardu, où chacun tente de tirer son épingle du jeu et surtout où chacun tente chaque jour de se mettre sa petite seringue dans le mou... Un éternellement recommencement, une éternelle autodestruction : on a devant nos yeux tristement ébahis des survivors qui feraient passer les mecs de Koh Lantah pour des bourgeois dans leur salon sur sable... Les Safdie brothers donnent véritablement l'impression de suivre toute une meute de claudos paumés, de losers magnifiques, d'abrutis drogués. Et c'est ce qui rend la chose prenante tant l'on croît à la sincérité de ces vies de drogués jusqu'au bout des ongles (qu'ils ont sales et longs, sans que cela ne paraisse jamais artificiel). C'est cela toute la gageure de ce film, de lui donner une véritable patine documentaire alors même qu'on est dans une fiction, une romance même puisque bien sûr, à force de se recroiser, Ilya et Harley vont se retomber dans les bras... Une romance, hein, attention qui ne sera pas vraiment d'un romantisme absolu, je vous aurai prévenu. Une oeuvre grise, sordide, violente teinté d'un rose qui vire vite au rouge mais que l'on suit de bout en bout en restant aux aguets tant les deux brothers mettent de l'épaisseur dans leurs personnages, de la véracité dans ces trajectoires de jeunes cramés. Fucking Heavens.

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