La Reine de la prairie (Cattle Queen of Montana) d'Allan Dwan - 1954
Agréable, au moins visuellement, ce western d'un beau classicisme réalisé par un Dwan toujours compétent dans ce genre d'exercice. A défaut d'être génial, il vous offre des plans splendides sur le Montana profond et verdoyant, ce qui change des déserts habituels du genre. Comme Dwan est toujours habile pour les cadrer au plus beau, les paysages, les ciels, les vastes prairies bordées de montagnes, les forêts, les rivières sauvages, sont magnifiés et l’œil, en tout cas, est rassasié. C'est dans ce cadre idyllique qu'arrivent Sierra Nevada Jones (Barbara Stanwick, qui me laisse tout aussi indifférent que mon comparse), son père, son troupeau de vaches et toute sa bande pour y prendre possession des terres qu'ils convoitent depuis longtemps. Mais à peine arrivés, les voilà dûment massacrés par les sauvages Pieds-Noirs. Seule survivante ou peu s'en faut, Sierra Nevada est bien décidée à en découdre avec iceux, et à récupérer son bien. Mais elle va trouver maints obstacles sur sa route : des Indiens pas cool-cool, menés par le fougueux Natchakoa ; le putride McCord, qui a ourdi dans l'ombre une alliance avec celui-ci pour massacrer tous ceux qui osent prétendre aux terres qu'il estime lui appartenir ; et les manœuvres ambiguës de Farrell (Ronald Reagan, assez inexistant) : est-il de son côté ou bosse-t-il pour les intérêts de McCord ? Le scénario remplit 85 minutes façon œuf, il y en a à se mettre sous la dent, et Dwan, friand d'action et de tension, sait toujours secouer les puces d'un film qui pourrait être un peu plan-plan par des séquences glamour pleines d'allant.
Stanwick est pas mal du tout et propose un joli personnage de cow-boy femelle, pas maladroite de la gâchette et pas frileuse quand il s'agit d'occire de l'Indien hurlant ou du félon. Elle fait beaucoup pour le charme du film, ainsi que les cadres mentionnés plus haut, et les scènes d'action échevelées. Après, on ne peut que soupirer devant les défauts scénaristiques du film, surtout devant ces ellipses maladroites et le peu de subtilité des personnages. Tout d'un trait, ceux-ci ne parviennent jamais à nous être sympathiques (ou au contraire, jamais assez salopards pour être antipathiques), et le petit discours anti-raciste (le méchant Pied-noir a un alter-ego tout de bonté et d'équité, campé par le nullard Lance Fuller) finit par se retourner contre lui par trop de candeur et de clichés. Le film déroule sans aucune surprise son histoire tellement classique qu'elle confine à l'ennui malgré la somme d’événements. Rien ne ressort de la chose, on ne retient aucune scène, aucun plan, aucune réplique. C'est bien dommage, parce qu'on sent bien que l'ambition première de Dwan est de nous divertir, et qu'il se dépense sans compter pour ça. Foin de psychologie, de détails de l'histoire, d'acteurs : du fun, du fun. Mais de fun on n'en trouvera guère dans ce western de série, ni plus ni moins bien fait que les autres.