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11 mai 2022

La Rupture de Claude Chabrol - 1970

La Rupture 39

Un des films préférés de Chabrol lui-même, semble-t-il, ce qui est rare chez lui, La Rupture est un bidule étrange, pas très aisé, pile à cheval sur ses premiers films plutôt simples et les futures expérimentations assez usantes des années 70. Il s'agit en fait d'un film noir, teinté de psychologie et de polar, mais tout y est rendu presque abstrait, en tout cas loin du vraisemblable, ce qui donne à l'ensemble un petit côté rêvé, un côté déconstruit très moderne (pour l'époque). C'est un bel effort de la part de Chabrol, mais le fait est que ça ne marche que de temps en temps : trop bizarre, le film fait oublier sa trame ; trop "raconté", il fait passer son côté expérimental pour une incongruité. Le film se tient un peu sur deux pattes bancales, et si au bout du compte on finit par apprécier ce ton étrange, c'est plus grâce aux comédiens, qui se donnent corps et âme à cette nouvelle lubie du metteur en scène, que grâce à la mise en scène elle-même ou au scénario.

Sans titreff

Les comédiens brillent en effet dans la chose : si Michel Bouquet (hommage un peu tardif, mais j'ai toujours adoré ce comédien austère et travailleur) est dans ses baskets, interprétant un personnage d'un sérieux papal, odieux et autoritaire (il est blond, cela dit, ce qui constitue un bouleversement dans sa carrière), les autres tentent des choses assez originales : Stéphane Audran est une ex-strip-teaseuse, prolo et sans culture, ce qui tranche avec son image de grande bourgeoise aux longs cils ; Jean-Pierre Cassel est un homme à femmes dans la dèche, manipulateur et ambigu, assez détestable, ce qui change de ses rôles de charmeur bobo. Un trio infernal (auquel il faut ajouter un Jean-Claude Drouot proprement à chier) autour duquel tourne une sombre histoire de folie : Charles (Drouot), un soir de folie, manque de tuer le môme qu'il a eu avec Hélène (Audran), ce qui la pousse à exiger le divorce ; mais chez le gars, on ne divorce pas, ou si on le fait, ce n'est pas sans empocher tout le pactole, enfant compris. C'est ce que suggère le beau-père (Bouquet), qui va tout faire pour trouver la faille dans la vie d'Hélène : pensez, une danseuse de cabaret, elle doit être truffée de tares. Il engage donc Paul, un petit arnaqueur du dimanche, pour trouver la faille qui fera pencher le divorce du côté du fils. Celui-ci s'introduit dans la pension de famille dans laquelle Hélène s'est réfugiée. Commence alors un jeu trouble et sadique, qui se terminera fatalement dans le glauque.

La Rupture 31

D'entrée de jeu, le réalisme est évité : la scène de la folie de Drouot, surjouée, pas crédible du tout, plante les bases d'un film qui va jouer avec les codes du noir, du mélo, du polar comme avec des motifs ludiques. Un trio de dames passant leurs journées à jouer au tarot et à médire, un tragédien au chômage déclamant du Racine à tour de bras, un gérant de pension alcoolique (Carmet, bien entendu), autant de détails incongrus qui semblent beaucoup amuser Chabrol, et qu'il plaque sur une intrigue franchement rocambolesque qui cesse d'être crédible dès les premières minutes. Ce n'est pas ça qui intéresse le compère, mais plutôt le travail sur les différents registres, dirait-on : il y a du cinéma français classique à la Carné, du suspense à la Hitchcock, du décrochage à la Buñuel, et même le marchand de ballon de Fritz Lang... A force de multiplier les clins d’œil et les hommages, Chabrol nous perd un peu et oublie de réaliser un truc qui nous tiendrait : très mal rythmé (on dirait un épisode de Derrick, tellement c'est lent), pratiquant un mauvais goût souvent dommageable au film (dans la photo très laide et la musique faussement moderniste de Pierre Jansen notamment), le film ne nous tient que grâce à quelques scènes mieux traficotées, au personnage intéressant de Cassel et au jeu toujours nickel de Audran. On s'amuse de temps en temps, mais ce côté à la va-comme-je-te-pousse fatigue assez vite. Un Chabrol, quoi...

Sans titre

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