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31 mars 2022

La Leçon de Piano (The Piano) (1993) de Jane Campion

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Plus de voix, plus de doigt... Pardon ? Voilà sans doute l'un des films chéris de Gols, lui qui exècre Jane Campion... Je m'y colle donc, à cette palme féminine obtenue il y a presque trente ans sur un rivage néo-zélandais... Avant de faire part de certaines limites, de certaines réserves (et Dieu sait que ce n'est pourtant pas notre genre), on peut admettre que le débarquement de ce piano, sur cette plage plane, avec ces vagues en colère, sous ce ciel gris, avec ces autochtones médusés soit encore quelque chose qui fasse son petit effet aujourd'hui. Ça sent déjà le filtre (oups et maintenant un filtre orange, là, boum, comme ça, pour enchainer, gasp) mais cette arrivée de cette poupée de cire victorienne dans ce paysage sauvage est un petit hiatus qui a son charme. Je pense qu'on peut s'arrêter là, sans doute, sur ce qui me plaît dans l'objet... Mais ne vendons pas la peau. On peut tout de même aussi parler, en préambule, pour rester poli, de l'histoire : Holly Hunter, femme muette et veuve, en ce milieu de XIXème siècle, se rend en cette contrée aux antipodes pour rencontrer son rendez-vous Tinder. Pas de bol, c'est Sam Neill avec des rouflaquettes, un aventurier capitaliste qui rit quand il se prend un coup de hache. Elle reste de marbre. Un autre gars, Harvey Keitel, qui s'est lui fondu dans le paysage (la preuve : ses tatouages), récupère le piano de la dame, l'invite chez elle pour prendre ces fameuses leçons et commence à se faire de plus en plus pressant à mesure que la dame tapote sur ses touches. Que finira-t-il par advenir, grand Dieu ?

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On pourrait commencer par lâcher quelques pistes savonneuses en évoquant les mélodies diablement sirupeuses et répétitives de Michael Nyman, on pourrait se laisser aller en évoquant cette Holly Hunder, genre d'Isabelle Huppert tombée dans le goudron et au jeu sorti tout droit de Mme Tussaud (seul le regard noir s'agite, comme une vieille chouette), on pourrait évoquer aussi cette masse Keitel, brut de décoffrage, qui à chaque mouvement sent le musc, ou encore cette petite fille jalouse qui se transforme en un tour de main en petite peste délatrice horripilante... oui, on pourrait énumérer les petits trucs qui nous agacent d'entrée de jeu, cette musique, ces personnages d'un bloc ou ces filtres si voyants. Mais il y a sans doute autre chose qui nous ennuie là-dedans. On sent que Campion, sans se départir totalement d'un certain maniérisme dans la construction de ses plans, a un peu laissé tomber ces plans fixes arty, ces compositions de "tableau" si mortelles de ses précédents films (et que l'on retrouvera parfois dans les suivants). C'est louable, cela apporte ici un peu mouvement, un peu de lyrisme à l'occasion... Ce qui nous noue le plus, allons-y, c'est sûrement ce côté plaqué, cette romance de pacotille, entre une femme si inexpressive (elle s'exprime avec son piano, ok, mais cela, physiquement, ne la dégèle guère) et ce bourrin de Keitel dont les avances, un peu "maladroites" au départ (c'est le moins qu'on puisse dire) finissent par plaire à la dame. Campion joue la carte du female gaze, par définition, mais livre des scènes sans érotisme, sans légèreté, sans charme ; contre toute attente (...), mon Dieu, Hunter succombe (le musc ? l'attention et la patience de cet homme), alors même qu'on soupçonne méchamment le Harvey d'être plus obsédé par ce corps que par cette musique censée traduire les états d'âme de la dame... Un peu poussée, pour ne pas dire bousculée au départ (on pourrait d'ailleurs discutailler là-dessus dans notre nouvelle ère metoo...), Holly décide de prendre son destin en main et fait un choix sentimental (ou juste sexuel ?) qui ne prêtera pas à discussion. Ok. Mais à l'image de sa petite fille aux ailes d'anges qui se traîne dans la boue, ou de ces cons d'autochtones qui ne comprennent rien au théâtre et interrompent bêtement une représentation, tout cela semble terriblement factice, grossier - et la romance, noyée sous les notes du musique qui dégoulinent et ce ciel qui fuit de toute part, devient vite aussi lourde que ce piano (qui ne tardera pas d'ailleurs à le prouver). Certains jouent du piano debout, Hunter en joue le cul collé sur son tabouret et symbolise par son jeu rigide comme un dolmen ce cinéma sans véritable âme, où la caméra s'agite devant des êtres d'un bloc. Un chromo palmé qui coule... Campion, récemment, a fait un western : ouf, c'est parfait pour l'ami Gols, !!! J'ai fait ma part.

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Quand Cannes

Collection Criterion

Commentaires
G
Popopo tu me sauves, mon gamin. Voilà 5 mois que j'ai ce film en attente dans ma pile, je tourne autour, je pleure, j'hésite, j'attends de trouver le courage... et te voilà. Merveilleux. Je tiens à dire que, bien qu'ayant peu de souvenirs du film, je suis tout à fait d'accord avec toi : c'est nul.<br /> <br /> Promis, je me tape son western dès que.
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