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29 mars 2022

Les jeunes Loups de Marcel Carné - 1968

Sans titre

Il faut le faire, quand même, de réaliser le plus mauvais film qui soit sur la jeunesse en 1968. C'est le vieux Carné qui s'y colle, et le résultat est une catastrophe intersidérale. A l'heure où ses ennemis de la Nouvelle Vague étaient déjà passés à autre chose depuis belle lurette, le bougre s'attaque au sujet qui semble lui correspondre le moins au monde : la jeunesse désabusée de l'époque. C'est bien connu que les jeunes, en 1968, appartiennent à trois catégories distinctes, toutes aussi critiquables les unes que les autres :

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1 / les petits cons, entendez les dandys aux dents longues style Dutronc, habillés chez Cardin, fils à papas, homme à femmes et profiteurs, prêts à monnayer leurs charmes à des rombières vieillissantes pour se payer des cocas aux Bains-Douches ; c'est Christian Hay qui se charge de cet aspect-là du Jeune, et c'est peu de dire qu'il est en-dessous de tout. Beau comme un cœur, oui, mais un talent d'acteur inversement proportionnel à sa confiance en lui, personnage détestable qui ne bouge pas du tout du début à la fin du film. Le gars est retourné après ça à ses études, et le cinéma le remercie.

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2 / les hippies, entendez ces garçons aux cheveux gras mais libres, guitaristes et poètes (une poésie à la Colette Magny, nom d'un rebelle). Eux ont compris la vie, savent qu'elle est moche et que pour s'en sortir, il vaut mieux cultiver l'amour plutôt que la guerre. Dans le rôle : Yves Beneyton, et c'est peu de dire qu'il est en-dessous de tout. En charge des répliques les plus lourdaudes du bazar (Prévert est définitivement mort et enterré dans le cinéma de Carné des années 60), il a un côté figé presque effrayant, comme s'il portait un masque, ce que semble confirmer son visage grêlé.

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3 / les femmes, entendez des quiches, convaincues qu’elles sont libres alors qu'elles demeurent irrémédiablement à la merci des garçons, et ne savent rien faire d'autre que mannequin (des putes, selon le film) ou rombière. La petite Haydée Politoff, toute mimi, quitte l'univers rohmérien et porte ce fardeau, et c'est peu de dire qu'elle... ah non, elle est pas si mal, compte tenu du personnage affreusement binaire qu'elle a à jouer, preuve d'une vision phallocrate d'un cinéaste qui n'a décidément rien compris à son époque.

 

Mélangez tout ça, prenez le pire dialoguiste de France, réfléchissez à la façon la plus moche de représenter la France, ajoutez une pincée d'acteurs plus aguerris mais mal dirigés (même ce brave Maurice Garrel a l'air perdu), et vous obtenez un sommet de ringardise et de laideur. D'où surnagent une ou deux séquences qui rappellent l’œil du cinéaste : une tournée dans un Deauville désert gentiment érotique, quelques ambiances de boîtes de nuit assez bien senties (et cette musique inattendue, loin des classiques habituels de l'époque), autant de minuscules détails jolis perdus dans un océan de bêtise et de mocheté. J'ai beau fouiller, il ne restera presque rien de Carné après guerre, le bougre mettant toute sa conviction à se saborder lui-même. Le navet total.

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