The high Wall (Vysoká zed) (1964) de Karel Kachyna
On continue de fouiller la filmo du tchèque Kachyna ; il est cette fois-ci, dès le titre d'ailleurs, question de mur et l'on se dit forcément tout de suite avec le mauvais esprit caractérisé qui est le nôtre : "mur", "pays de l'est", métaphore ? C'est forcément, aussi, aller un peu vite en besogne ; il est question de quoi ici, hein, pour commencer ? D'une très jeune fille, on va dire, en tout début d'adolescence, qui n'hésite pas, après avoir fait les 400 coups dans le quartier (et avoir surtout emmerdé le concierge) à "faire le mur". Qu'est-ce qui se trouve derrière ce grand mur blanc ? Un hôpital. Et ? Et un homme, jeune, sur une chaise roulante qui tente, apparemment, après un accident de voiture, de réapprendre à marcher... Tout le nœud du film est là dans ces discussions entre la chtite Jitka qui n'est pas avare d'encouragements (allez, encore un pas, encore un autre) et ce convalescent qui trouve en cette fan une force. Elle lui fournit deux cannes, elle monte au besoin sur les échasses du gars et nos deux amis de s'épauler cahin-caha ... Nos deux amis ? Oui, même si, eh oui, la chtite commence (l'innocence de Blanche-Neige, qu'elle joue au théâtre, n'empêche pas d'avoir des envies de prince charmant...) d'avoir un peu le béguin pour notre malade ; pour celui-ci, bienheureusement, pas d'équivoque, pas d'ambivalence, la gamine est avant tout une source d'inspiration pour retrouver la foi et l'envie de marcher - ce qui n'est pas rien... Mais cela lui suffit-il, à la chtite ?
Alors oui, si l'on revient à nos petites pensées liminaires, il est vrai que derrière ce mur se trouve pour l'enfant comme un espace de liberté. On pourrait s'arrêter là, car derrière ce mur c'est surtout les prémices d'une belle amitié qui se joue, une véritable histoire d'entraide : elle l'encourage, il lui fait confiance en retour, la considère comme une personne à part entière... C'est vrai que pour la chtite, cette relation est une vraie bouffée d'air car de l'autre côté, dans la "vraie vie", tout ne va pas pour le mieux ; outre le concierge, petit kapo aux aguets, il y a cette mère peu jouasse, ces autres enfants turbulents, ou encore ce petit frère délateur... sans parler de cette pluie qui a vite tendance à se transformer en déluge et qui perturbe notamment toute une journée de la jeune fille... Un monde un peu gris, dirons-nous, alors que de l'autre côté du mur, le soleil irradie - la lumière saturant même parfois de sa blancheur complétement l'image. Deux mondes, plus ou moins passionnants, mais également plus ou moins déceptifs... C'est au final une belle histoire d'initiation que nous propose Kachyna, plein de tact et de charme, le portrait d'une adolescente gentiment farouche qui fait ses premiers pas sentimentaux et connaît, aussi, forcément, ses premières petites désillusions (des "désillusions", heureusement sans lendemain). Charmant, oui, et finaud.