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18 mars 2022

Season of the Witch (Hungry Wives) (1972) de George A. Romero

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Il y a toujours quelque chose à prendre dans un Romero même quand, comment dire, l'aspect visuel est un peu défraîchi et les jump scare remisés au placard. Le film commence d'ailleurs sous les meilleures augures (caustiques) puisqu'une femme est tenue en laisse, comme un toutou, c'est bien cela, et amenée dans une cage... une semaine au chenil dans l'attente du retour du mari parti taffer... C'est terrible, bien sûr, et c'est d'ailleurs (bienheureusement) un cauchemar mais le plus terrible est quand même sans doute là : ce n'est pas franchement loin de sa vraie vie... Car oui Joan s'emmerde, tourne en rond et a la méchante impression de ne servir à rien : un mari pépère toujours absent pour son travail, une fille qui se fait la malle sans donner de nouvelles, des amies cruches, un intérieur qu'elle connaît par coeur... Bref, on comprend vite ce qui l'angoisse et cette longue séquence d'ouverture illustre parfaitement sa chienlit au quotidien... Alors que faire ? That is the question... S'adonner à la drogue, se trouver un jeune amant, se lancer dans la sorcellerie ? On ne sait trop, dans ce cas-là, quelle pente peut s'avérer la plus dangereuse... Dangereuse, dites-vous ? Mais quoi de plus dangereux qu'une vie de merde où l'on se voit déjà vieille avant l'âge ?

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Oui, esthétiquement, on n'est pas franchement dans le film léché et le rythme, ces longues discussions notamment entre mémères entre deux âges, sont un peu fastidieuses... Mais c'est plus sur le côté "rebelle en devenir" de la Joan qu'on adhère... Elle se met à bafouiller quelques incantations, réhausse son maquillage (et sa confiance en elle), fréquente une amie sorcière et commence à glisser, après les psys inutiles, la fréquentation de ses copines un rien plaintives, vers enfin, une certaine autonomie et un certain plaisir... Des cauchemars continuent pourtant de la hanter (le patriarcat en action, l'esprit du mâle dominant qui s'introduit de force dans tous les foyers ? Il y a sûrement de cela) : on n'est pas vraiment dans la terreur brute mais Romero avec ce petit montage haché, cette caméra qui tressaute, fait tout de même monter la pression "à l'ancienne", oserais-je ; ce n'est pas vraiment des séquences qui vous font bondir de votre siège, mais pas non plus forcément des trucs à voir en étant seul, chez soi, le soir, dans une maison au milieu des bois : la peur, autant celle construite à partir de ce qu'on imagine (les bruits, les ombres, l'inconnu...) que celle qui dérive d'une véritable menace (il y a bien quelqu'un, là, autour de la maison et bientôt dedans bordel !), est bien présente et assez bien rendue par un Romero qui cherche encore un peu ses marques dans le genre mais plante gentiment une trouble atmosphère... On sent venir un coup d'éclat final et bien devinez ? Quoi ? Romero, en tout cas, cinq ans après avoir ressuscité les morts-vivants, se plaît à fourrager dans les genres (l'angoisse des cauchemars, la sorcellerie...) pour nous parler jamais que d'une chose : notre petite vie à la con. Un bon petit film au final pour la ménagère entre deux âges en recherche d'un second souffle...

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