Le Guêpier (Walk East on Beacon !) (1952) de Alfred L. Werker
On a connu Werker beaucoup plus inspiré que dans cette oeuvre "d'époque" où il sert la soupe au FBI ; le film loin d'être unique en son genre tente gentiment de démontrer par A+B que rien ne peut échapper au FBI : des hommes de terrain, des filatures au taquet, une réflexion des pontes en amont pour parer à toutes les éventualités, des moyens techniques dignes de James Bond (un appareil-photo monté sur un phare (mobile !) de bagnole : c'est trop fun), bref Hoover et ses hommes quadrillent la ville (de Boston, ici) et les espions russes n'ont qu'à bien se tenir. Car oui, rappelons-le, il fut un temps (bien lointain je sais) où les Américains et les Russes se tiraient la bourre, ces sales communistes venant notamment sur le sol américain pour voler des secrets scientifiques ! (tous les scientifiques du monde ayant migré dans ce pays libre puisque les savants peuvent y penser et y travailler librement).Werker, donc, sur un scénario cousu de fil blanc, rouge et bleu va nous conter par le menu comment, grâce, au départ, à un simple coup de fil anonyme (surveillez cet homme !), il vont parvenir à démanteler tout un réseau d'espions. Ces derniers s'intéressent à un scientifique qui bosse sur le mystérieux projet Falcon et sur une formule qui devrait permettre de faire un grand pas pour l'humanité entière ; bref on s'en fout et on s'attend simplement à un peu d'action. On en fera rapidement son deuil. Ici tout se passe de façon très smooth, chez les Russes avec leur système de rendez-vous à la con (tu marches en direction de l'est avec un pot de crème vide dans la main droite (Robert Bidochon saura s'en souvenir) comme chez les Américains avec leur moyen de communication high tech de guedin (tu as toujours un agent du FBI en faction quelque part, faisant semblant de travailler - je me demande d'ailleurs si le rectorat de Mayotte ne sera pas infesté par le FBI, c'est une joke toute private). On dispose en bonus d'un narrateur qui va nous raconter toutes les phases de la chose, au cas où notre esprit serait allé vaquer ailleurs : on se rend ainsi bien compte de l'efficacité totale de ce système (on peut aussi bien sauver un gamin pris en otage à l'est de l'Europe que retrouver dans la région de Boston (en lisant du roumain sur les lèvres d'un espion, on se croirait dans un film des Nuls) un homme kidnappé en moins de temps qu'il ne faut pour le dire), du côté implacable du FBI. Acteurs sans charisme, scènes qui s'enchaînent avec une logique molle, morgue totale au niveau de l'ambiance, on termine le truc en ayant presque envie d'envahir l'Ukraine (...). Factuel et plat.