LIVRE : Pour que je m'aime encore de Maryam Madjidi - 2021

On ne peut que se réjouir de voir ces petits bouquins qui fleurissent sur des enfants d'émigrés (voilà cette fois la version iranienne) qui ont réussi à tirer leur épingle du jeu et ,même, à en faire un livre. C'est bien, ce sont de beaux parcours qui montrent à la fois cette possibilité qu'offre "l'école de la République pour tous" (si les flics ne vous chopent pas avant, à Mayotte - c'était le lol caustique du jour) et toutes ses limites : en effet, si ici la jeune fille parvient jusqu'au Bac sans encombres et obtient même la possibilité d'entrer en Hypokhâgne à Fénelon (dis donc), elle doit vite faire face à une certaine réalité : elle est à dix coudées de ses petits camarades parisiens de souche et abandonne au bout de trois semaines... Pas le niveau en langues, ni en histoire, ni en maths, ni même en littérature, un petit passage par la Fac s'impose rapidement... Bien, tout cela n'est pas très étonnant ni bien nouveau mais au moins on a là un témoignage concret de ces petites disparités françaises : les transfuges de classe, la méritocratie, tout cela fait de bien jolis mots à sortir pour un discours, dommage que la réalité ne puisse suivre au vu de notre petit modèle élitiste pur et dur (je 'arrête là pour l'analyse sociologique de cette fin d'année). Sinon, l'ouvrage nous livre quelques anecdotes sur toute bonne adolescence (des eighties, on connaît) qui se respecte : les divers problèmes physiques de l'ado moyen (avec ici en sus un petit problème de poils gênant), les ennuis à l'école (le harcèlement sous toutes ses formes), l'ennui à l'école (ces profs démissionnaires), l'envie à l'école (ces profs qui y croient encore), les premiers baisers, le dépucelage de base, la mode hippie, les proches parents déviants... Que du classique, écrit (et c'est là que le bât blesse quand même un peu, sans condescendance) dans une langue qui tient plus de la gouaille que de Proust et ce même si l'auteur se plaît à citer à chaque occasion ses lectures et son attachement à la littérature... Pas grand intérêt donc ? Ah, pas sûr, je tiens peut-être là enfin un sujet de brevet blanc pour mes troisièmes - rien ne se perd. Gentillet tout au plus.