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2 décembre 2021

Spencer (2021) de Pablo Larraín

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Pablo Larrain semble s'être spécialisé dans le biopic (c'est un créneau) et comme on avait franchement bien aimé sa vision de Jackie, on s'est dit, tiens, pourquoi pas, même si on se fout de Lady Di comme de son premier permis (quoique). Une "icône" des années 80, dirais-je, dont on nous rabattait parfois les oreilles à la téloche pour ses œuvres de bienfaisance, sa popularité présumée et avec laquelle on nous a rabattu les couilles avec son accident mortel... Entre les deux, franchement, qui était-ce, hein, cette madame Di ? Pablo Larrain, le temps des fêtes de Noël, dans une demeure mortifère, prend le parti suivant : la Lady, elle avait un sacré vague à l'âme... On la voit dès le départ se perdre dans la cambrousse, comme pour mieux déjouer le protocole, on la voit défaite devant sa garde robe, on la voit muette devant ces majordomes sorti d'un placard, on la voit hagarde à l'heure des repas... Bref, on sent qu'elle n'y est pas, mais alors pas du tout. Larrain, l'esthète, nous sert travelling sur travelling pour suivre cette héroïne qui va d'un point à un autre, qui suit sa petite route balisée, mais dont la tête, l'humeur, la motivation sont aux abonnées absentes ; les teintes de ce château sont chaudes, d'un joli orangé, l'entourage au petit soin mais là encore la Di semble être totalement déconnectée de cette mise en scène devant laquelle elle ne montre que froideur. Kristen Stewart est dans la composition en plein, regard fuyant, petite mine, regard en arrière quand elle marche, un jeu apparemment sous influence qui tourne un peu trop vite à l'affèterie : on a compris son angoisse, pas besoin de nous montrer toutes les secondes cette mine si terriblement préoccupée, vacillante... Un jeu qui, malheureusement, va être un peu au diapason de ce scénario qui tourne en rond : Lady Di n'y est pas et s'emmerde dans tout ce qu'elle entreprend : elle mange pour mieux vomir, le regard, quand elle le croise parfois, bovin du Charles n'arrange rien et le silence absolue d'une reine mère déjà transformée en gisant non plus ; la présence, à la messe, de cette Camilla qui la jauge, ou les précautions d'usage de ces servants qui la servent sans comprendre ses états d'âme ne font qu'ajouter à son désarroi... Larrain enfonce son message comme un clou dans du sapin lors de séquences de plus en plus évanescentes, presque abstraites (cette séquence un poil onirique où elle semble revisiter son passé (des scènes plus ou moins légères - on la voit sourire un peu - mais toujours en solitaire, déambulant tel un fantôme dans ces pièces immenses, quasi vides), on sent qu'il voudrait donner du souffle à son portrait, de la hauteur mais il ne fait que nous endormir sous ces multiples couches de scènes muettes qui ne captent au final que le regard définitivement perdu d'une Di qui se dissout... Seule une servante lui parle franchement et cela semble libérer la lady qui lors d'une partie de chasse organisée par ce con de conservateur de Charles décide enfin de dire stop, stoppe la mécanique de la chienlit et embarque les deux bambins (vers un KFC (!)). Alors oui, c'est très soigné dans les apparats, dans le montage, dans cette musique, dans ces jolis mouvements de caméra mais cela ne suffit pas à sauver véritablement cette œuvre au scénario un brin convenu, aussi répétitif que soporifique. Une Spencer dispensable.

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