Le Pacte des Tueurs (Big House, U.S.A.) (1955) de Howard W. Koch
Si l'ami Gols est un peu en reste avec son dernier western, petite satisfaction pour ma part avec ce film noir de derrière les fagots. Koch n'a laissé derrière lui que le souvenir d'une bacille mais réalise ici un polar en honnête artisan du genre. Il bénéficie certes d'un casting d'excellents seconds couteaux mais ne recule pas non plus devant des scènes plutôt âpres et rugueuses sur le papier - ce qui est forcément tout à son honneur. Au départ, on assiste à un banal kidnapping d'enfants dans un parc du Colorado ; le kidnappeur (Ralph Meeker et son air vicieux joliment mis en avant en contre-plongée) cache l'enfant qui, en voulant s'échapper le con, se fracasse la tête - oups ; qui fait le malin finira dans le ravin, cela n'aura jamais été aussi bien illustré qu'ici... Notre kidnappeur continue malgré tout son chantage, qui fonctionne d'ailleurs, mais se fait choper bêtement au bout de vingt-cinq minutes de film. Et c'est fini ! Que nenni, notre homme part en prison et se retrouve entre quatre durs à cuire. Ils vont bien sûr, tous les cinq, tenter de s'échapper, le meneur espérant mettre la main sur la rançon que notre homme aurait caché quelque part dans le parc. La police veille mais qui sera le plus finaud dans l'histoire ?...
Pas mal cette petite idée de bol d'air dans le parc du Colorado (avec des rangers et un agent du FBI particulièrement efficaces) qui nous donne déjà notre petit lot de suspense et d'horreur. Meeker, avec son sourire glaçant, se joue puis se débarrasse de l'enfant avec un détachement de monstre absolu. Il ne parvient cependant pas à glisser entre les mailles du filet (il se fait coincer pour une idiote histoire de truites, j'adore) et termine au cachot. Entre alors en scène un quatuor de criminels à tronche : Charles Bronson, tout jeunot et qui n'a pas encore eu les moyens de s'acheter sa moustache - c'est monsieur musclor et quand il joue avec une petite boule entre ses mains, tu serres des cuisses ; Lon Chaney Jr avec une trogne déjà bien décatie ; l'excellent William Talman et sa tête d'alcoolique qui fait plaisir à voir ; et enfin l'immense Broderick Crawford, toujours capable de jouer les brutes derrière ce petit sourire grinçant. Nos quatre repris de justice ont tôt fait de flairer la bonne affaire avec la venue de Meeker ; la fuite s'organise (après un joli petit sacrifice cuit à la vapeur et une audacieuse séquence sous l'eau - ça sent la piscine mais Koch soigne tout de même dans les règles son petit effet claustrophobique) et donnera lieu à quelques petites scènes qui secoueront forcément les viscères (j'aime les meurtres francs au marteau et le passage de visage au chalumeau : ça sent vraiment le bon noir bien roussi). Broderick mène l'aventure en ne reculant devant aucun sacrifice (il est parfait pour prendre son petit air cool et reconnaissant avant de demander l'exécution d'un homme qui vient tout juste de lui sauver la vie : une parfaite ordure sans foi ni loi) et tentera jusqu'au bout de déjouer la police (une police qui fait ici une belle démonstration de force et du sens de l'organisation - c'est aussi là dans une certaine veine du film noir). On a notre lot d'entourloupes, de bastons, de meurtres sordides et de final sous les balles avec une belle brochette de cadavres. Dépaysant, vachard et bien mené, Koch n'a pas à rougir. Bel effort.