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13 janvier 2022

Retour à Reims (Fragments) (2021) de Jean-Gabriel Périot

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Alors que nous venons tout juste de passer les trois millions de visiteurs (et bientôt, dans quelques jours, les dix mille chroniques - je sens qu'on va vous préparer une chtite surprise, faut que je vois ça avec l'ami Gols), voici pour célébrer l'événement (!!!), un petit doc de la quinzaine des réalisateurs qui sortira dans les salles en mars 2022 (à Shangols, on aime prendre de l'avance). Ce doc, qui se base sur le livre de Didier Eribon (pas lu mais ma compagne, conseillère aulique dudit film, m'en dit le plus grand bien), revient sur l'évolution de la société française des années 50 aux années 80 - vaste programme me direz-vous, mais qui se concentre surtout sur la condition des femmes, la classe ouvrière (du travail abrutissant en usine aux logements indignes) et l'évolution dans ladite classe des "ralliements politiques", de l'extrême gauche à l'extrême droite. La bien belle idée de Périot alors que l'emballante et impliquée Adèle Haenel se charge de la voix off, est d'illustrer son propos à l'aide d'extraits de films et de documentaires piochés dans le stock de l'INA. Un gros travail de recherche qui porte ses fruits tant les images comme les dialogues et les interviews choisis semblent en parfaite adéquation avec les thèses débattues... On a beau connaître certains faits par coeur, on ne peut que s'émouvoir devant ces images de femmes rasées après guerre (l'humiliation ultime... qui donne déjà le la quant à la considération des femmes dans les prochaines décennies...), devant ces femmes issues des classes les plus pauvres condamnées à faire le ménage... jusqu'à y laisser toutes les plumes de leur plumeau, devant ces types qui s'abrutissent du petit matin au soir à la chaîne, devant ces mâles alpha qui se retrouvent au café en laissant leur femme s'occuper de tout le reste, etc... Ah les trente glorieuses ne furent pas franchement glorieuses pour les moins bien lotis...

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Périot traite de sujets divers, de l'éducation nationale réservée (toujours la même antienne) à une élite à la considération méprisante de la classe ouvrière envers les migrants ; si on ne s'étonne point de voir que Jean-Marie Le Pen a piqué toutes les idées ultra novatrices de Zemmour (le ressassement des mêmes conneries populistes est un brin gerbatoire), on tique méchamment devant les discours d'un certain Georges Marchais pas plus finauds envers nos amis les migrants... Seulement voilà, l'extrême gauche n'a point su capter les espoirs de cette classe ouvrière dont certains finirent par se rallier aux discours d'un Le Pen intelligemment opportuniste - les migrants, les boucs émissaires parfaits de tous les maux qui permettent au passage, pour ceux qui se retrouvent tout en bas de l'échelle sociale, de se sentir enfin supérieurs par rapport à un groupe d'individus... Cette migration des idées d'un extrême à l'autre est relativement bien expliquée par un cinéaste qui ne désespère apparemment point d'un éternel renouveau de la gauche, la vraie, la pure, la dure... Il sera dans l'épilogue question des gilets jaunes et des divers mouvements sociaux de ces dernières années ; si cette foi à vouloir reprendre la rue fait souvent plaisir à voir, difficile de croire encore et toujours à un sursaut populaire face à ces hommes politiques en béton armé. En un mot comme en cent, un doc essentiel pour revenir sur les rouages de notre petite société qui avance, hein, quand même, même si les petits pas restent timides et que demeurent les mêmes menaces populistes foireuses.   (Shang - 11/11/21)

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Shang a dit l'essentiel de ce film attachant et pertinent, qui parvient à être intéressant alors même que Périot, il faut le reconnaître, enfonce parfois quelques portes ouvertes. La profondeur du beau livre de Eribon est finalement assez loin de ce doc, qui y va franco pour parler de l'histoire des luttes, de la spoliation du prolo et de la soumission des femmes. On apprécie, c'est vrai, l'illustration des propos à l'aide de cette foule d'images d'archive, souvent terribles nonobstant le fait qu'on les ait déjà vues. Ça ne marche pas toujours, mais souvent Périot trouve la note juste en collant telle image sur telle pensée. Si Haenel en rajoute une louche dans la solennité, peinant à trouver le ton "objectif" du sociologue qu'on aurait aimé entendre, peu concernée de toute évidence par ce qui est raconté, le texte est intelligent et émouvant, et on a souvent la rage au cœur devant ces injustices, ces entourloupes, ces drames dans lesquels sont plongés ces Français ordinaires au cours des décennies... quand ce n'est pas la petite larme qui point au détour d'une image, d'une pensée, d'un événement de l'Histoire. Engagé et digne, Retour à Reims fait partie de tous ces films qui tentent de remettre un peu de justice dans notre triste monde. Il le fait avec des outils pas forcément toujours très affutés, mais rien que l'indignation qu'il véhicule justifie la vision.  Bien bien.   (Gols - 13/01/22)

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Commentaires
M
Je me disait que ça fleurait bon le Saint-Empire romain germanique.
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S
Des vieux souvenirs d'Hoffmann (genre Le Vase d'Or) ce me semble...
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M
- "Conseillère aulique", qu'est-ce ?
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