7500 de Patrick Vollrath - 2019
Pour l'anniversaire du 11 septembre, rien de tel qu'un petit film de détournement d'avion pour se remettre les idées en place. Autant en choisir un plutôt pas mal, c'est pourquoi je vous conseillerais d'envoyer 7500, petit film allemand sans gros budget mais à imagination qui saura combler vos attentes de suspense. Vollrath réalise un film-catastrophe dans les 5 mètres-carré d'un cockpit d'avion de ligne, dont il ne sortira jamais. Les seuls contacts avec l'extérieur : la voix de la tour de contrôle, et la petite caméra fonctionnelle placée devant la porte de la cabine. Point. Un dispositif simple et radical qui permet au suspense de se déployer de façon spectaculaire, et aux acteurs tout à fait compétents (Joseph Gordon-Levitt en tête) de nous faire croire pleinement à cette histoire. Très vite, une fois les termes de technique de décollage dûment énoncés et la crédibilité du contexte plus mise en question, trois terroristes allaouakbarisés prennent l'avion d'assaut, bien décidés à se crasher sur une grande ville et d'ainsi sauver leurs frères. C'est alors un festival d'idées ingénieuses développées par Vollrath pour relancer l'angoisse subie par le capitaine Tobias Ellis, seul maître à bord une fois son partenaire égorgé : entourloupes diverses, injonctions à la révolte envers les passagers, tangages d'avion pour déséquilibrer les islamistes, attaques à mains nues, tout est bon pour ramener tout le monde à bon port. Mais les terroristes ne sont pas en reste, et vont eux aussi utiliser la petite image des écrans de contrôle pour faire pression sur Tobias. Diable c'est tendu comme un taliban chez Michou, et jusqu'à la dernière minute il va falloir ronger son frein dans l'incertitude du dénouement.
Bon, alors oui, on n'est pas du tout dans le chef-d’œuvre du genre. Le scénario est parfois un peu léger, et on a droit à un revirement politique d'un des terroristes qui laisse rêveur : le petit gars, dangereux comme un moucheron, vrille complètement et se met à s'opposer à ses complices, on n'y croit guère. Tout ça manque un peu d’ampleur, même si on aime justement cette épure d'écriture : les kamikazes n'ont aucune revendication, les passagers sont montrés comme une masse anonyme, pas d'analyse psychologique qui viendrait freiner le déroulé de cette histoire, on apprécie ; mais on se dit aussi qu'il y a trop peu de matière pour faire un film. Bon, tant pis : il y a assez d'événements traumatiques et de dilemmes moraux pour qu'on passe un moment délicieux enfermé dans cet avion. Gordon-Levitt, concerné et crédible, se donne corps et âme dans le projet et son jeu associé au contexte très crédible et très documenté, fait qu'on y croit dur comme fer, malgré les incohérences de la trame. On passe 1h20 à se ronger les ongles, but atteint. Vous ne détournerez jamais plus un avion de la même façon.