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18 août 2021

Sous les Fleurs de Pêcher (Momo no hana no saku shita de) (1951) de Hiroshi Shimizu

Un petit film de Shimizu qui a la pêche, même s'il est ici question de l'histoire d'une femme qui doit peu à peu "apprendre" à se séparer de son gosse. Cela démarre de façon relativement pimpante avec cette femme qui vient de se lancer dans "l'art" du kamishibai (elle narre des histoires aux enfants des rues à partir d'images) et qui montre toutes ses prouesses de conteuse face à des enfants captivés ; la pauvrette est malheureusement interrompue en pleine action (sa spécialité : elle chante et fait chanter les enfants) par un autre conteur, plus âgé qu'elle, auquel elle est censée laisser la place... Des tribus de gosses qui se retrouvent en ville, une femme, qui, apprend-on rapidement, séparée de son mari qui s'est remis avec une autre femme, doit se contenter de simples visites à son gamin à l'hôpital, on est bien dans un scénario de Shimizu. Une fois que cette situation initiale est posée, que l'on sent tous les efforts de cette femme désormais indépendante pour s'en sortir et faire face à son sort (plus la garde du gosse), un nouvel élément va venir changer la donne : son ex-mari lui demande de s'occuper du bambin qui doit suivre une rééducation (une patte cassée) dans un petit centre de soin à l'écart... en attendant que sa belle-mère vienne le rechercher. Elle accepte avec joie et se dévoue corps et âme à son bambin sachant bien qu'il faudra, au final, passer la main.

s,725-1831ac

Alors même que l'on suit la progression, au quotidien, du gamin pour retrouver l'usage de sa jambe (il tente chaque jour d'aller plus loin dans sa traversée d'un pont - on repense évidemment (...) en voyant cet enfant franchir chaque jour un pont à ce court de Shimizu, Les Châtaignes et les Glands, réalisé dix ans plus tôt et découvert récemment), on a tôt fait de tracer entre le gamin et sa mère un évident parallèle : ce pont à traverser symbolise également tout le parcours psychologique de la mère pour parvenir à accepter cette séparation ; lorsque la maîtresse finira par apparaître, le gamin traversera soudainement le pont en courant pour la rejoindre - la mère, loin de s'apitoyer sur cet accueil, semblera désormais prête à passer le flambeau de l'éducation du bambin... Shimizu enfoncera même le clou de cette métaphore filée lorsque la mère, ayant repris ses activités de conteuse en ville, décidera de passer sur l'autre rive du fleuve de la ville pour que son gamin ne tombe plus sur elle inopinément. Le ton de ce récit pourrait aisément s'avérer quelque peu plombant, il n'en est rien, Shimizu ne cessant d'insuffler des petites touches de comédie dans son histoire. Outre le petit côté exubérant et constamment jouasse de la mère, il est aussi question d'un troisième personnage qui n'a de cesse de croiser la route de cette femme (on se demande même si, au final, il ne constituerait point un bon parti pour notre célibataire...) : le conteur croisé au début, voyant qu'il n'a plus la cote auprès des gamins, décide de revenir à son ancien métier de masseur... Il est forcément surpris de retomber sur la mère dans ce centre de cure, femme qu'il soupçonne de lui piquer une nouvelle fois son taff - ce qui donnera forcément lieu à quelques scènes de quiproquo sympathiquement comiques. Shimizu, une nouvelle fois, malgré un sujet loin d'être évident (une mère devant faire une croix sur son passé et son rejeton), réussit un film très enlevé rempli d'instants joyeux. Belle réussite où l'émotion, derrière une patine comique, est finement ciselée.

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