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29 juillet 2021

Y a bon les blancs (Come sono buoni i bianchi) de Marco Ferreri - 1987

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Hommage éploré à notre bon gars Jean-François Stévenin, qui est parti hier rejoindre Johnny au panthéon des grands de ce monde, ou qui est mort aussi, oui, si vous préférez. Il n'a qu'un petit rôle dans ce Ferreri, mais ça n'empêche : sa filmographie force le respect, sa présence aussi, c'était un bonhomme très agréable, que les angelots du paradis lui prodiguent moult caresses jusqu'à la fin des temps. Bien, alors Y a bon les blancs, à part ça... Eh bien ma foi on ne peut pas dire que la finesse soit un concept typiquement ferrerien au vu de la chose, qui s'apparente la plupart du temps à une grosse farce caustique et railleuse, mais qui renferme de temps en temps quelques authentiques moments de pure provocation qui font du bien à l’échine. Un convoi humanitaire européen tente de traverser un pays africain pour prodiguer ses biens de consommation (pâtes, sauce tomate) et assouvir leur bonne conscience d'Occidentaux. Mais la traversée du désert ne va pas se faire sans obstacle : au gré des rencontres avec des factions paramilitaires, des peuplades plus ou moins folkloriques, des escrocs de tout bord et des politiques douteux, nos bougres vont se voir dépouillés peu à peu de leur fret, humiliés plus souvent qu'à leur tour, entubés comme des bleus, et malmenés par une culture de la débrouille à laquelle leurs habitudes civilisées et riches et leur regard sur une Afrique qu'ils ont fantasmée les ont peu habitués. Ferreri ricane tout son soul devant les déboires de ces béni-oui-oui blancs confrontés aux absurdités du système africain, et met son point d'honneur à aller jusqu'au bout du bout de sa satire : la fin est assez sidérante et audacieuse, et les rêveries d'un Eden parfait fantasmé par le couple principal du film (Maruschka Detmers et Michele Placido) vont se frotter au concret du terrain. Racisme larvé ou jusqu'au boutisme renvoyant tout le monde dos à dos, colonisateurs et colonisés ? En tout cas Ferreri achève dans l'horreur son film, mettant un point final très dérangeant à sa comédie.

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Au milieu du rire parfois lourdaud du film, on attrape ça et là quelques plans où on retrouve la crudité et le goût de la provoc du cinéaste : Piccoli dévorant une cuisse de poulet devant le cadavre d'un enfant, un groupe de touristes entonnant le "Chant des Esclaves" de Verdi en plein désert africain, une caméra destinée au tourisme qui enregistre au final un rituel sanglant : autant de plans coup de poing qui rappellent que Ferreri est aussi et avant tout un pamphlétaire qui ne s'embarrasse pas de bon goût, et qui agissent comme des électro-chocs ici. D'autant que le film, le reste du temps est une pure comédie, avec ces personnages clownesques (un chef de convoi dépassé, un couple d'espagnols hauts en couleur, la drague un peu pathétique de Placido, les autochtones et leurs ruses grossières pour vous entuber...). Comme dans tous les Ferreri, il y a à boire et à manger là-dedans : parfois c'est trop appuyé, pas très drôle, attendu ; parfois c'est tellement audacieux qu'on en reste ébahi. Il renvoie tout le monde à son propre ridicule : les humanitaires (alors très à la mode dans les années 80) fiers d'eux-mêmes et convaincus qu'ils vont amener la civilisation, la démocratie et le bonheur avec leurs trois sacs de riz ; les blancs profiteurs de la misère ; les Africains incapables de se sortir de leur vie au jour le jour, égoïstes, vénaux et jouisseurs ; les Italiens et leurs réflexes de drague machistes, et les femmes qui les acceptent. Bref, un vrai jeu de massacre en bonne et due forme, imparfait et rabelaisien. Y a bon.

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